Consommateurs d’énergies, un concept-frontière pour l’histoire de l’énergie
Sorbonne Université (Faculté des Lettres)/ UMR Sirice
yves_bouvier[at]hotmail.com
Je tiens à remercier les deux relecteurs de la première version de ce texte pour les compléments et références bibliographiques apportés ainsi que pour les questions soulevées.
L’approche historique des consommateurs d’énergies se définit par une multitude d’interrogations des concepts employés. Dans une anthropologie du quotidien, la consommation énergétique tend à disparaître derrière l’usage des objets, devenant une infra-consommation. La catégorie d’énergie même suppose une intégration des différentes sources d’énergie ce que les comportements des consommateurs ne permettent pas d’identifier, nous conduisant à les considérer davantage comme des « consommateurs d’énergies ». À partir de ce dialogue entre démarches empirique et déductive, les « consommateurs d’énergies » deviennent un concept pouvant nourrir les approches historiques actuelles (genre, histoire globale, transition…).
Dans l’entreprise visant à construire une histoire intégrée de l’énergie –ou plus simplement une histoire de l’énergie-, la délimitation du champ se heurte à de nombreux concepts-frontières1. Ces concepts-frontières appartiennent à plusieurs disciplines et permettent à ce titre l’ancrage des méthodes historiques face/avec les autres sciences sociales. La consommation et les consommateurs d’énergie relèvent de cette situation. La définition même de la catégorie de « consommateur d’énergie » n’est pas sans poser problème à l’historien, tant pour le premier que pour le second terme. Et considérer que le « consommateur d’énergie » se placerait à la rencontre d’une histoire de la consommation et d’une histoire de l’énergie est un constat stérile pour l’historien tant l’une et l’autre sont encore émergentes et tant le consommateur d’énergie est un impensé, pour l’une comme pour l’autre. En outre, alors que la discipline historique commence tout juste à s’emparer du sujet, les nombreux travaux des autres disciplines de sciences humaines et sociales témoignent d’une dynamique qui peut avoir tendance à emporter l’historien plus qu’à lui permettre d’installer son champ disciplinaire. Sociologie de la consommation et sociologie de l’énergie, droit de la consommation et droit de l’énergie, économie de la consommation et économie de l’énergie, géographie de la consommation et géographie de l’énergie nourrissent2, par leurs résultats et leurs interrogations épistémologiques, les réflexions historiennes.
Dans l’histoire de la consommation, renouvelée de façon majeure depuis un peu plus d’une décennie par Frank Trentmann3 mais également Matthew Hilton, Marie-Emmanuelle Chessel4, Ruth Oldenziel, entre autres, l’énergie a longtemps eu une faible place. L’apport de ces auteurs a été d’évacuer les interrogations sur les origines de la société de consommation tout en considérant qu’une « première multiplication des consommations »5 au XVIIIe siècle et qu’une mutation des modes de distribution au cours du XXe siècle avaient été des inflexions majeures. En positionnant l’histoire de la consommation dans la circulation des objets, dans la civilisation matérielle du quotidien, dans les modalités d’organisation des consommateurs, ces travaux, en définitive, donnent une place singulière aux consommateurs et usagers, en particulier dans l’histoire européenne, en les autonomisant des structures productives6. Au sein de cette histoire sociale et politique de la consommation, qui tempère les explications culturelles et a fortiori psychologiques, l’énergie reste largement insaisissable dans la mesure où la commercialisation et la distribution de l’énergie semblent relever de logiques différentes de celles des objets, en raison d’une réglementation et d’une législation construite autour de la notion de « service public » mais aussi du fait de la disparition du produit acheté dans l’acte de consommer. Par ailleurs, les pratiques d’achat de l’énergie ne laissent que peu de place à la dimension symbolique qui sert de pivot explicatif dans les approches anthropologiques. Le projet « Material Cultures of Energy », porté par Frank Trentmann et Hiroki Shin et achevé à la fin de l’année 20177, a permis de poser de précieux jalons dans l’histoire de la consommation de l’énergie à travers quatre axes (espace, prévision, pénurie, transition). Toutefois, y compris dans ces travaux les plus récents, les consommateurs ont souvent été moins étudiés que la consommation et ses mises en scène, au point d’être qualifiés de « missing person »8 de l’histoire de la consommation alors que, paradoxalement, le « consommateur-citoyen » n’a jamais été aussi présent dans les discours.
Quant à l’histoire de l’énergie, force est de reconnaître qu’elle n’existe pas véritablement aujourd’hui. Les approches par source d’énergie ont traité des consommations et consommateurs mais en privilégiant telle ou telle source et plus rarement les processus de choix, les situations de concurrence, les mécanismes de substitution et de remplacement. Les analyses historiques des entreprises énergétiques et de leurs marchés ont porté l’attention sur les stratégies de commercialisation, notamment pour le gaz et l’électricité. Usages et usagers ont été présentés dans des travaux qui demeurent largement incomplets mais ont ouvert la voie9, ce qui n’est en revanche pas le cas des consommateurs de charbon, de pétrole (essence ou fuel) ou des sources alternatives d’énergie. L’ouvrage Consuming Power de David E. Nye a marqué une étape dans cette appréhension des consommations énergétiques en mettant en avant les comportements ordinaires dans un processus complexe de construction des systèmes énergétiques10. Mais cet ouvrage –et ce n’est pas un reproche- demeure à un niveau élevé de généralité, correspondant à la fresque couverte sur plusieurs siècles, et repose davantage sur les caractéristiques culturelles associées à chaque énergie que sur une histoire des pratiques.
Sur le plan des méthodes enfin, l’historien est ici en terrain mouvant tant abondent, concernant les consommateurs d’énergie, les travaux de sociologie, de science politique, de droit, d’économie, d’anthropologie, de sémiologie. L’apport de l’histoire ne saurait se résumer à appliquer au passé les concepts des autres sciences sociales, aussi heuristiques soient-ils. Le bilan historiographique des études sur les consommateurs d’énergie est finalement mince, faute de sources clairement identifiées peut-être, sans être totalement vide. Fondé sur les nouvelles approches d’histoire de la consommation et sur les interrogations actuelles qui parcourent le champ historique, ce texte esquisse certains des chantiers à venir mais aussi certaines des pistes à écarter, dans une approche d’histoire de l’énergie. L’ambition de ce texte n’est pas pour autant l’élaboration d’une définition consensuelle et historicisée du « consommateur d’énergie » qui se voudrait une référence pour de futurs travaux, ni même la déconstruction préalable d’une notion, étape indispensable à l’analyse, mais bien l’interrogation du concept de « consommateur d’énergie » pour l’historien.
Back to topPour une approche systémique des consommateurs d’énergie
Introuvables consommateurs d’énergie
La catégorie de « consommateur d’énergie » n’est pas une évidence pour l’historien, le singulier le rendant aussi mystérieux que « l’électeur européen », « l’ouvrier français » ou « le marchand oriental ». Parce que l’approche historique repose d’abord sur des situations concrètes contextualisées et non sur la construction d’un idéal-type, le pluriel s’impose et « les consommateurs d’énergie » remplacent l’imparfait « consommateur d’énergie ». Pour autant, les consommateurs d’énergie sont-ils davantage saisissables par l’historien ? Rien n’est moins sûr. Il y a ainsi consommation d’énergie dans toute activité humaine (cuisson des aliments, chauffage d’un logement, éclairage, déplacement, production de biens) et bien avant toute idée de « société de consommation » ou de circulation marchande des objets. Certaines approches mettent en avant la dimension physique de ces productions énergétiques, en particulier animales et humaines, sans donner de place aux consommateurs dans cette dynamique11. Au cours de la période contemporaine, les consommations ont augmenté considérablement, correspondant certes à l’augmentation de la production par différentes sources d’énergie mais aussi à la multiplication des usages12. La distinction habituelle entre consommateurs industriels et consommateurs domestiques revient à séparer l’énergie comme facteur de production, de l’énergie comme satisfaction de besoins non productifs. C’est ainsi que les statistiques assimilèrent le secteur tertiaire et celui du secteur domestique pour les consommations de gaz et d’électricité puisque ces consommations étaient « improductives ».
Dans une perspective historique, et suivant le concept de « technological momentum »13, les premiers consommateurs d’une énergie donnée, souvent des acteurs industriels, sont déterminants dans la croissance d’une industrie et dans la structuration des capacités de production, que ce soit pour le charbon, l’électricité ou le pétrole. Selon Thomas P. Hughes ces premiers utilisateurs ne furent pas de simples acheteurs d’énergie mais furent les concepteurs des réseaux énergétiques, construits dans un processus de satisfaction de ces premières demandes. Depuis la phase d’industrialisation engagée au milieu du XVIIIe siècle, usines, fabriques, manufactures furent les premiers consommateurs d’énergie, dessinant un nouveau régime de consommation14. Cette construction sociale des réseaux par les consommations d’énergie a une inertie forte, cadrant durablement production et consommation qui se développent par la suite. En définissant le marché, ces activités industrielles structurèrent les réseaux énergétiques et les modes de commercialisation, investissant même dans la construction de capacités de production pour leurs propres besoins. Les consommateurs industriels se font alors producteurs dans une logique d’intégration verticale, pour maîtriser leurs coûts et ne pas dépendre totalement de fournisseurs. Vérifiée pour le gaz, le pétrole ou le charbon (sidérurgie), cette logique atteint son expression la plus aboutie avec l’électricité dans la première moitié du XXe siècle, tant en Norvège (Norsk Hydro), qu’en Allemagne et en Suisse (Aluminium Industrie AG, filiale d’AEG), en France (Ugine, Pechiney) ou aux États-Unis (Alcoa)15. Les principaux consommateurs d’électricité restent les entreprises électro-intensives de l’aluminium, de la chimie, de la sidérurgie ou des chemins de fer16. Aujourd’hui, d’autres grandes firmes, à l’instar de Google qui acquiert des parcs éoliens et solaires et a fixé un objectif de 100 % d’énergies renouvelables pour ses achats, développent des capacités de production afin de maîtriser leurs coûts et de s’affranchir, notamment en termes d’image publique, d’achats dépendants des énergies fossiles. Force est de constater que les études historiques manquent cruellement sur ces consommateurs industriels d’énergie en dépit de leur rôle, que ce soit dans une approche par sources d’énergie ou par le jeu des échelles allant de la monographie d’un site industriel à l’espace européen voire mondial.
Sans surprise, les consommateurs qui ont le plus retenu l’attention, alors que leur place dans le système énergétique n’est pas nécessairement prépondérante en fonction des périodes et des sources d’énergie (les consommateurs domestiques représentaient moins de 10 % de la consommation de charbon au Royaume-Uni en 1900 contre 38 % vers 183017), ce sont bien les ménages et donc les consommations domestiques. Les premières traces d’une définition institutionnelle des consommateurs domestiques apparaissent dans les procédures judiciaires, par exemple lorsque des cours de justice britanniques définirent un « intérêt du consommateur » dans les négociations contractuelles entre un fournisseur de gaz et un client, avec dès 1847 des préconisations pour éviter l’exploitation commerciale des consommateurs par les compagnies gazières18. La régulation d’un système énergétique local par des autorités judiciaires ou politiques ne se fit pas nécessairement au profit des consommateurs : le cas de la municipalité de Manchester maintenant un prix élevé du gaz pour engranger des recettes et ainsi diminuer les impôts répond au cas de Genève où la municipalisation des réseaux énergétiques à la fin du XIXe siècle s’inscrivait dans la même préoccupation des élites locales d’assurer une « bonne gestion » afin d’éviter les hausses d’impôt19. Dans ces différents cas, l’émergence de la catégorie des « consommateurs d’énergie » procède d’une institutionnalisation de la régulation.
Cette approche institutionnelle de la notion n’épuise pas le sujet, loin s’en faut. La réflexion sur la catégorie des consommateurs d’énergie se nourrit également d’une démarche empirique. Les consommations sont segmentées socialement et spatialement, en particulier dans un milieu urbain qu’elles contribuent à structurer20, définissant des consommateurs en fonction de leurs modes de vie, de leurs appartenances sociales, de leurs espaces. Cette segmentation des espaces dans la caractérisation des consommateurs d’énergie ne se résume pas à la distinction ville/campagne même si l’on connait la place des campagnes dans l’émergence de nouveaux usages par un comportement de résistance/appropriation aux États-Unis21, voire dans la définition de « régimes de consommation » par une hybridation des comportements mêlant autoconsommation et recours aux circuits de commercialisation22. Nous pouvons évoquer ici la permanence de l’autoconsommation de bois quand bien même les habitations pouvaient être raccordées à un réseau fournissant de l’électricité.
Finalement, en perspective historique, l’une des principales difficultés est l’identification des consommateurs à un moment donné. Les agrégats statistiques en longue durée dessinent des tendances23 mais le résultat de ces compilations est décevant lorsqu’il se limite à une addition des sources d’énergie. Les disruptions, accidentelles ou liées à un événement, constituent des moments de révélation de ces consommations par la perturbation provoquée dans le comportement des consommateurs24. Les blackouts en particulier25, mais aussi des crises géopolitiques comme celle de Suez en 1956 ou la décision de l’OPAEP de septembre 1973, voire même les pénuries de charbon au cours des conflits mondiaux, rendent manifestes des consommations au moment même où elles disparaissent. Les consommateurs d’énergie, difficilement saisissables par le chercheur, deviennent partiellement visibles dans la mesure où ils doivent s’adapter à une situation brutalement nouvelle.
La première assertion sonne donc comme une évidence : il n’y a pas un mais des consommateurs d’énergie. La diversité des statuts entre les entreprises, les administrations, les particuliers et la multitude des usages, allant du déplacement en voiture au chauffage d’un appartement, interdisent de se contenter des statistiques agrégées, que ce soit au niveau national ou par type d’énergie. Comment additionner le charbon servant, encore en 1960, à la propulsion de locomotives à celui des seaux nécessaires à quelque vieux poêle dans un logement d’un centre-ville ou à celui d’une usine moderne de production d’électricité ? Bien au contraire, c’est en traquant les comportements derrière les données de consommation que se nichent les consommateurs, faisant de l’énergie une relation sociale26 et non seulement une mesure physique.
À la recherche des consommateurs d’énergie
Les consommateurs d’énergie ont-ils déjà consommé de l’énergie ? La question n’a rien d’incongru tant l’analyse des comportements de consommation dans les sociétés contemporaines repose sur le postulat de capacité de choix des consommateurs. Certains usages, en particulier liés à des services publics (éducation, santé), peuvent être appréhendés hors de ce cadre. Toutefois, à l’exemple des nombreuses études sur le libre-service et sur le commerce de détail27, la mise en scène du choix et le conditionnement du comportement du consommateur sont considérés comme des piliers des « sociétés de consommation ». La capacité de choix suppose une possibilité de choix c’est-à-dire une forme de concurrence entre différents produits. Contrairement à une vision fondée sur les monopoles d’entreprises privées ou publiques, les situations de concurrence ne furent pas absentes du champ de l’énergie, bien au contraire. Parfois assimilées à des services publics, les entreprises fournissant l’énergie pouvaient être en concurrence entre elles. Pensons, par exemple, au commerce de détail du charbon qui assura l’essentiel du chauffage et de la cuisson pour la plupart des ménages européens jusqu’aux années 1960. Non seulement des qualités de charbon étaient distinguées pour s’adapter au marché des particuliers28, créant une concurrence entre produits, mais différentes marques, différentes provenances, différents circuits de distribution étaient également aux prises les uns avec les autres. De même, l’acte d’achat d’essence pour automobile relève bien d’une distinction entre carburants (en fonction des motorisations mais aussi des additifs), avec des prix différents, avec des opérations de communication (la plus classique étant l’accumulation de points pour fidéliser la clientèle), avec des marques en concurrence, avec des enjeux commerciaux et politiques autour de la taxation de l’essence… Pour les énergies de flux comme le gaz et l’électricité, contrairement aux énergies de stock, les concurrences entre entreprises furent moins fréquentes jusqu’à la période récente de dérégulation. Mentionnons toutefois les cas de Barcelone et de Marseille où s’affrontèrent des compagnies électriques avant la Première Guerre mondiale29.
Si cette concurrence entre fournisseurs d’une même énergie mérite l’attention, le plus intéressant dans une histoire de l’énergie est bien la concurrence entre sources d’énergie différentes. Certains usages ont été le terrain d’affrontements dans la longue durée. La cuisson et le chauffage sont les meilleurs exemples d’une concurrence qui ne recouvre pas nécessairement une concurrence entre entreprises. Pour la cuisson, il serait simpliste de considérer l’évolution des sources d’énergie comme une succession linéaire, passant du bois au charbon, puis au gaz et enfin à l’électricité. Non seulement des systèmes hybrides (charbon-gaz ; gaz-électricité) furent développés avec succès mais les différentes énergies coexistèrent plus qu’elles ne se succédèrent, les constructeurs de cuisinières au gaz innovant pour conserver leurs parts de marché, souvent avec l’appui des sociétés énergéticiennes30. Pour le chauffage également, des recompositions furent à l’œuvre au cours du XXe siècle, parfois même en quelques années. Aux États-Unis, en 1950, les principaux combustibles étaient le charbon (35 % des maisons), le gaz (29 %), et le pétrole (23 %). Le bois était encore le combustible principal dans 11 % des maisons tandis que l’électricité n’était utilisée que dans moins de 2 % des foyers. Deux décennies plus tard, le charbon ne représentait plus que 3 % et le bois 2 % tandis que la part du gaz était portée à 61 %31. L’éclairage également fut l’objet d’une rivalité entre le gaz et l’électricité dans l’espace public ainsi qu’entre la lampe à pétrole et l’ampoule électrique dans l’espace privé32.
Cette concurrence entre énergies implique donc une situation de choix pour le consommateur. Toutefois, les consommateurs font-ils véritablement un choix entre énergies lorsqu’ils choisissent un réfrigérateur électrique plutôt qu’un réfrigérateur au gaz en 1950 ? Comment s’effectue le choix d’une nouvelle cuisinière : est-ce d’abord une volonté de moderniser un intérieur ou bien de changer de source d’énergie ? À quel moment et dans quelle mesure l’énergie est-elle un critère dans la décision d’achat du consommateur pour un bien d’équipement domestique ? La réponse n’est pas une évidence tant les logiques d’achat, pour ce que l’historien arrive à en percevoir, diffèrent d’un usage à l’autre. La consommation énergétique d’un appareil peut intervenir dans le choix en fonction du montant de l’investissement initial et des consommations d’usage, introduisant un calcul économique, parfois sommaire, dans la décision d’achat. Encore une fois, l’analyse se réduisant à un choix individuel risque de laisser de côté les dimensions globales des équipements ménagers et des infrastructures énergétiques. La cuisine est aussi une construction technique et politique et le kitchen debate entre Nixon et Khrouchtchev l’illustre fort bien33. De même, l’assimilation de la voiture individuelle à une nouvelle liberté confère bel et bien un sens politique à cette acquisition34.
Quelle place donner au choix de l’énergie dans une consommation qui mêle ainsi signification politique, intérêts économiques, aspirations sociales ? D’une certaine façon, il s’agit là d’une question qui n’a pas lieu d’être car ce sont bien les notions de choix et d’énergie qui ne sauraient être adoptées sans examen critique. En optant pour une source d’énergie plutôt qu’une autre, le consommateur se pense-t-il comme un consommateur d’énergie ? Formule-t-il un choix énergétique ? En établissant la liste des consommations énergétiques des citadins d’une banlieue pavillonnaire dans les années 1980, correspondant peu ou prou à un « modèle social » des sociétés occidentales, nous trouverions aussi bien le charbon de bois du barbecue estival que le fuel de la chaudière, le gaz de la cuisinière, le pétrole de l’automobile et l’électricité, d’origine nucléaire, hydraulique ou thermique, pour l’éclairage et la presque totalité des appareils ménagers. Les travaux sociologiques récents35 conduisent à remettre en cause cette approche d’une conscience complète des consommateurs. Il en ressort que les consommateurs d’énergie sont bien des « consommateurs d’énergies », non seulement parce que les comportements les conduisent à utiliser différentes sources d’énergie mais surtout parce qu’à aucun moment ne se met en place une appréhension globale et uniforme de l’énergie. En d’autres termes, la fragmentation entre sources d’énergie définit un consommateur en miettes, à rebours d’une conception de l’homo consumericus36 comme homo economicus, ou même comme acteur social rationnel.
Back to topLes consommateurs d’énergies dans les approches historiques actuelles
En considérant que les « consommateurs d’énergies » sont davantage une catégorie analytique qu’une catégorie d’acteur -même si ceci est parfois le cas dans certains groupes consuméristes-, il est possible d’interroger les paradigmes actuels de l’histoire pour définir quelles places y trouvent cette catégorie. En effet, une histoire de l’énergie s’inscrit d’abord dans les dynamiques du champ historique.
Les consommateurs d’énergies dans les globalisations
En consommant différentes sources d’énergie, les individus des sociétés occidentales pensaient-ils aux implications de ces consommations ? La question vaut bien évidemment aujourd’hui mais elle mérite aussi d’être posée pour les périodes antérieures. De nombreux mouvements consuméristes ont cherché à responsabiliser les consommateurs c’est-à-dire à dévoiler les mécanismes permettant cette consommation de façon à orienter un changement des comportements, que ce soit par l’acceptation d’un prix plus élevé (échange juste) ou par le boycott de produits pour des raisons morales, politiques ou environnementales. L’énergie n’échappe pas à cette règle.
Avec le global turn, l’historien a légitimement la tentation de proposer une global history de l’énergie mais celle-ci s’est beaucoup plus attachée aux productions et à ses mesures physiques37, non sans verser dans la caricature38, qu’aux consommateurs. Quelques études historiques sur les mondes non occidentaux ont défriché le sujet39. Mais ce sont surtout les matières premières qui permettent d’inscrire le comportement du consommateur dans cette approche. Le pétrole40, le charbon tout comme l’uranium41 se prêtent bien à cette histoire globale, faite de circulation des matières à l’échelle de la planète, d’intérêts économiques, de liaisons un peu facilement considérées comme sulfureuses entre ressources énergétiques et pouvoirs politiques… et de déconstruction des comportements des consommateurs tant par les mouvements consuméristes que par les pouvoirs publics. Ce n’est en rien une révélation que d’affirmer que l’automobiliste berlinois de 1900 était inscrit dans une économie globale, le pétrole étant principalement importé des Etats-Unis42, que l’utilisatrice d’un sèche-cheveux à Paris en 1985 était bien liée aux mines d’uranium du Niger ou que le garçon qui montait un seau de charbon dans un logement napolitain dans les années 1870 avait bien à voir avec la puissance impériale britannique43. Les consommateurs d’énergie sont donc, peut-être plus que dans d’autres domaines -mais ceci serait à prouver pour ce qui est de l’alimentation ou des loisirs- des consommateurs globalisés dans la mesure où les sources d’énergie circulent à l’échelle mondiale. Les interrogations de l’histoire globale, portant aussi bien sur les phénomènes de dimension mondiale, sur les connexions/circulations que sur les processus d’intégration44, sont absentes de ces recherches, laissant complètement ouvert le chantier de la périodisation de la globalisation du consommateur d’énergie.
Les enjeux économiques et diplomatiques, beaucoup plus que les enjeux environnementaux, ont délimité l’institutionnalisation de l’échelle globale dans le domaine de l’énergie45. La circulation des matières premières avait avant tout une connotation politique qui s’imposait dans la conception même du consommateur. Jusqu’au milieu du XXe siècle, l’importation de charbons britanniques ou allemands par la France, la Suisse ou l’Italie créait une dépendance dont les autorités politiques étaient conscientes mais qui restait relativement éloignée des consommateurs tant la promotion de cette énergie reposait sur le dynamisme commercial d’acteurs privés. Ainsi, pour les ménages français avant la Première Guerre mondiale, la promotion de l’anthracite britannique et allemande pour le chauffage avait permis de supplanter le coke issu des industries sidérurgiques et gazières nationales. De même, dans l’Europe des années 1970 et 1980, les origines des importations pétrolières (Moyen-Orient, Afrique, Union soviétique) sont connues des opinions publiques, ne serait-ce que par les chocs pétroliers et les contrats passés avec l’Union soviétique. Pour autant, apparemment, aucun mouvement de consommateurs n’a réussi à s’organiser en mettant en avant la dimension politique de ces approvisionnements.
Les conséquences environnementales des consommations énergétiques sont aujourd’hui évidentes à deux niveaux, soit dans la consommation elle-même soit dans la production de l’énergie rendue disponible. Que l’on évoque les pollutions liées aux moteurs à combustion, diesel ou non, ou les déchets issus des centrales nucléaires, les enjeux environnementaux sont devenus structurels des sociétés industrielles. Mais, sur fond de réchauffement climatique, ce sont bien les énergies fossiles qui sont principalement mises à l’index. Pour autant, les comportements des consommateurs ont-ils intégré cette conscience dans les gestes quotidiens ? Ont-ils fait le lien entre leurs consommations et les aspects environnementaux de la production ? L’historien n’est pas en mesure d’apporter une réponse, tout juste peut-il rechercher dans les situations du passé l’expression de boycott énergétique ou de campagnes d’opinion sur le sujet. L’identification des conséquences environnementales ne date pas de ces dernières décennies46. Le smog londonien, bien avant l’épisode dramatique de 1952, est identifié comme une conséquence de l’usage massif du charbon. De même, les effets de la surconsommation de bois ont donné lieu à des débats de plus en plus politiques au cours du XVIIIe siècle47. Au cœur de Lyon, la construction de l’usine-barrage de Cusset dans les années 1890 s’est appuyée sur un discours de maintien du petit emploi mais aussi sur un hygiénisme municipal vantant la disparition des fumées par le recours à l’hydroélectricité48. Les effets sur la santé des pollutions générées par l’essence au plomb ont été identifiés et combattus à partir de 1970 aux Etats-Unis. À cette date, 98 % des véhicules motorisés utilisaient ce type d’essence et 80 % du plomb dans l’air était dû aux automobiles49. Mais ces arguments environnementaux sont restés situés, associés à des configurations locales, les quelques assertions mettant en jeu une échelle mondiale restant beaucoup plus rhétoriques qu’argumentatives. En définitive, les années 1980 avec l’émergence de la notion d’environnement global sont la période de l’introduction de cette nouvelle idée : les consommations énergétiques ont des effets sur le réchauffement climatique et sur la pollution de la planète.
Dans cette globalisation des consommations énergétiques, la tendance à la culpabilisation du consommateur s’inscrit davantage comme une injonction morale que comme une observation historique des pratiques des consommateurs. Il serait à cet égard utile de retracer l’émergence de la moralisation des consommations énergétiques dans les discours notamment pour voir comment stigmatisation, dénonciation et discernement sont apparus50. Certes, par le passé, des mouvements politiques se sont appuyés sur la sensibilisation des consommateurs pour lutter contre l’esclavage ou contre des situations politiques (boycott en Irlande, ou plus récemment contre l’apartheid en Afrique du Sud ou contre l’occupation des territoires palestiniens). En revanche, on ne trouve aucune étude sur des mouvements de consommateurs liant la consommation de charbon aux conditions de travail dans les mines dont la dimension sanitaire était bien connue même si l’histoire ne s’est emparée de ce thème que récemment51, ou bien réussissant à mobiliser les automobilistes contre les marées noires ou contre des conflits militaires liés à des intérêts pétroliers. Bien entendu, à l’instar de Jean-François Mouhot, nous pouvons analyser la situation actuelle comme celle de l’émergence d’une prise de conscience des enjeux environnementaux de la moindre consommation énergétique quotidienne52. Mais force est de constater que de tels mouvements n’ont pas été structurés, pour l’énergie, par le passé. Le mouvement antinucléaire lui-même, pourtant puissant bien que peu structuré, n’a porté son action sur le consommateur d’électricité que de façon marginale, privilégiant la politisation des thématiques des risques et des déchets à celle du boycott des consommations électriques.
Les consommateurs d’énergie furent donc bien insérés dans cette circulation mondiale des matières premières, en particulier avec l’essor du charbon et du pétrole. Si le prisme de la globalisation est utile à l’historien pour saisir les pratiques des consommateurs, il paraît bien peu pertinent pour comprendre les motivations des consommateurs particuliers dont les ressorts sont inscrits dans des configurations sociales locales aux dimensions multiples que Jérôme Cihuelo et Arthur Jobert ont nommé « situations d’interfaces »53.
Histoire sociale d’une infra-consommation
Le consommateur a été étudié comme un acheteur d’objets, avec les logiques de confort, d’équipement, de signes sociaux54. Le transfert du « régime de consommation » nord-américain, avec ses implications politiques, vers l’Europe a été l’objet de multiples publications sur une éventuelle « américanisation » de l’Europe par les modes de vie. Mais ce « miroir américain » n’est pas tant celui de l’énergie que des objets55. Les acheteurs de biens ne sont jamais considérés comme des consommateurs d’énergie quand bien même ces machines à laver le linge, automobiles et consoles de jeux nécessitent de l’énergie. Le consommateur d’énergie disparaît derrière les usages des biens56, faisant de la consommation énergétique une « infra-consommation ».
S’intéresser aux consommateurs d’énergie impose d’abandonner des pans entiers des sciences sociales consacrées à la consommation : comment penser à une fétichisation du kilowattheure ? quelle sacralisation pour le gaz naturel brûlant sous une casserole ? Une émotion de consommateur d’énergie intervient-elle dans le branchement d’une cafetière ? Sémiologie et sémiotique, parfois mobilisées dans les études, ne sont pas en terrain solide dès lors que le sujet est l’énergie et non l’objet technique. L’approche économique elle-même n’est pas toujours pertinente dans l’appréhension du comportement du consommateur : pense-t-on à une facture d’électricité devant un téléviseur ? La réponse est assez naturellement négative. Dès lors, c’est le processus d’invisibilisation des consommations énergétiques qui peut devenir un objet d’interrogation. À l’inverse, remplir un poêle à charbon ou tourner le bouton d’un radiateur peut être associé à la dépense engendrée. Et les consommateurs des années 1890, lorsqu’ils tournaient l’interrupteur pour allumer une ampoule électrique avaient peut-être, eux, à l’esprit le coût de l’heure d’éclairage, d’autant plus s’il venait de glisser une pièce dans le compteur installé dans le logement.
Mais au final, c’est bien plus l’objet qui consomme de l’énergie que son usager. Et s’il fallait tenir une comptabilité des consommations énergétiques d’un objet, que faudrait-il compter : les déplacements pour l’achat ? l’énergie incorporée dans l’objet pour sa fabrication, ce que permettent les analyses en termes de cycle de vie ? Et comment reconstituer le cycle de vie des objets des périodes antérieures ? Les consommations liées aux usages semblent les plus évidentes mais elles ne sont pas forcément les plus importantes ; pour un téléphone portable par exemple, la consommation énergétique liée à la fabrication représente environ 75 % du total, contre moins de 20 % pour l’usage. Et peut-on y intégrer la production de déchets et les éventuels recyclages, voire même la production d’énergie obtenue dans cette phase ? Lorsqu’elles sont mentionnées, les consommations énergétiques d’un appareil sont celles liées aux usages. La classification européenne des appareils électroménagers repose sur une étiquette-énergie introduite en 1992 qui permet de visualiser la consommation énergétique lors de l’usage de l’appareil. Ceci correspond à une information du consommateur sur sa facture prévisionnelle mais non à une information sur le bilan énergétique complet du produit acheté. La question de la consommation énergétique des appareils domestiques est, elle aussi, à replacer en perspective historique afin de saisir à quel moment ces informations sont apparues, pour quel type d’objet et quelle source d’énergie. Le poids de certains contextes de pénurie (guerre, crise économique, embargo, raréfaction…) tout comme la concurrence forte entre industriels dans une période de prospérité ont pu jouer un rôle déterminant dans l’introduction de cette information.
Ce constat de l’invisibilité partielle des consommations énergétiques conduit à rejoindre les nuances apportées à la notion d’agency, c’est-à-dire à la capacité du consommateur à agir sur son environnement. Dans le cas de l’énergie, c’est bien une incapacité à agir du consommateur qui prime, même si celle-ci n’est pas synonyme d’une absolue passivité. Rejoignant les réflexions plus générales de Frank Trentmann sur la nouvelle orthodoxie du consomm’acteur (active consumer), qui sonne comme un discours consensuel cherchant à rompre avec le schéma de la consommation de masse, nous pouvons considérer que la figure du consommateur a procédé d’une unification de comportements et de revendications à la fin du XIXe siècle mais plus encore dans la période de l’Entre-deux-guerres, par le rôle conjoint des pouvoirs publics (législation) et des associations57. Le consommateur, et l’énergie illustre fort bien cette assertion, ne saurait se résumer à une simple construction marketing. Une histoire sociale des consommateurs souligne le caractère décisif des années 1910-1940 dans la mise en place de cette nouvelle figure, en particulier par la consommation des enfants58. Le chantier de l’étude historique de la socialisation du consommateur d’énergie reste entier mais jouets, magazines illustrés, programmes scolaires contribuèrent à « éduquer » les consommateurs tant en termes de promotion des usages qu’au niveau des règles élémentaires de sécurité à respecter.
Les approches culturelles de l’énergie, que ce soit les études des représentations utopiques ou dystopiques ou les études sur le genre, peuvent également être questionnées. Une histoire genrée de l’énergie a-t-elle un sens au niveau des consommateurs ? Répondre positivement pourrait paraître une évidence tant la répartition des tâches ménagères ou le rapport à certains biens – automobile, aspirateur, machines à laver…- illustre des rapports de genre dans les sociétés occidentales. Toutefois, là encore, l’énergie disparaît derrière l’objet. Les travaux de Kristin Ross59, Karin Zachmann et Ruth Oldenziel60, Quynh Delaunay61 éludent la consommation énergétique. Reconnaissons que l’abondance des publicités, la force des slogans (l’inévitable « Moulinex libère la femme » de 1962) et la constance des dénonciations par les mouvements féministes ont déplacé l’analyse d’une histoire sociale vers les rapports socio-culturels de genre. Les stéréotypes sociaux ont parfois été associés à l’énergie comme dans cette étude de 1967, réalisée par un cabinet de sociologie appliquée, qui considère que « le gaz serait plutôt considéré comme féminin et l’électricité comme plutôt masculin. Le gaz est en effet très associé aux tâches ménagères et à la pratique des tâches quotidiennes. L’électricité est associée à la rigueur, la précision, au savoir, au progrès. Elle implique la netteté industrielle et paraît plus rationnelle alors que le gaz est le symbole du pragmatisme »62. Seules des études académiques systématiques sur les rapports de genre face aux différentes sources d’énergie et sur l’énergie en général pourraient permettre de s’affranchir des discours convenus. C’est du côté du Royaume-Uni que les travaux les plus structurés commencent à apparaître63. Notons ainsi qu’une histoire genrée de l’énergie mériterait probablement d’être explorée mais que les liens établis avec la consommation énergétique pourraient n’être que ténus, les travaux déjà menés aboutissant à retrouver, pour l’énergie, les évidences connues par ailleurs.
Les rapports sociaux inhérents à la consommation concernent bien évidemment le domaine de l’énergie. D’une façon générale, la norme sociale ne conçoit pas la même consommation de la même façon selon les catégories sociales : morale de l’économie pour les pauvres alors que la consommation des riches est encouragée car bonne pour la prospérité64. Que ce soit pour le bois dès le XVIIIe siècle ou pour les usages du charbon par les classes populaires dans les villes au XIXe siècle, la recherche d’une limitation des consommations s’est inscrite dans un discours mêlant économie sociale et aspiration à l’ascension sociale. La « précarité énergétique », observable, a certes été transformée lorsque la notion de service public s’est lentement installée, d’abord par des régulations municipales, et concernant seulement certaines énergies (l’électricité et le gaz, mais non le pétrole). Il faut attendre le tournant des années 2000 pour que la législation reconnaisse un « droit à l’énergie » à la fois sous la pression des syndicats et des organisations de consommateurs et par le biais d’une réglementation européenne65. Contrairement à la plupart des biens d’équipement, l’énergie ne relève pas de conditions de financement fondées sur le crédit. Sauf pour les ménages les plus déshérités pour lesquels l’énergie est à la fois considérée comme un bien vital et un bien marchand avec l’instauration de coupures pour impayés. Se mettent dès lors en place des comportements spécifiques et des stratégies d’accès à l’énergie pour les personnes en situation de précarité66, mêlant aides sociales, encaissement différé des factures, brèves coupures et, éventuellement, transgression par des raccordements hors compteurs. Notons simplement que l’Union soviétique avait fait de l’accès de tous à l’énergie –et en particulier au chauffage- un pilier de son modèle social en instaurant la gratuité de la fourniture d’énergie ce qui n’était pas sans causer gaspillages et tensions dans les logements collectifs.
À l’inverse des pénuries pour les consommateurs les plus pauvres, une abondance, voire même une consommation ostentatoire de l’énergie, au sens de Thorstein Veblen, caractérisait les comportements des catégories sociales les plus aisées. La forte flambée dans la cheminée d’une demeure normande, la multiplication des guirlandes décoratives à la période de Noël, la consommation d’essence de certains 4x4 sont autant de signes d’aisance sociale. Depuis le milieu des années 1970, ces comportements sont dénoncés et la gabegie de l’énergie est, par une forme d’anthropomorphisme, associée à un embonpoint social67 et aux excès d’une société de l’abondance énergétique. Ces comportements n’ont pas disparu pour autant, même si les manifestations les plus excessives sont moins visibles. En revanche, perdure le fait qu’une aisance économique conduit à des dépenses énergétiques importantes, malgré les discours invitant à une maîtrise des consommations68.
Consumérisme de l’énergie : organisation, revendication et tournant environnemental
Tout en considérant que les consommateurs d’énergie n’ont pas connu, par le passé, une structuration forte dans le champ social, il n’est toutefois pas inutile de s’intéresser aux formes de mobilisation et à la place tenue par l’énergie dans ces mouvements. Une « internationale des acheteurs » tente de se mettre en place en 1908 lors du Congrès international des Ligues sociales d’acheteurs69. Si des mouvements de revendication purent être organisés sur des bases locales, certains mouvements eurent davantage d’ampleur à l’instar de la création de la National Consumers League aux Etats-Unis en 1899 ou de la Ligue sociale d’acheteurs en France en 1902. L’énergie s’inscrivait dans cette émergence d’un consumérisme, consumérisme à la fois structuré par des élites et animé par des mouvements sociaux localisés comme l’illustrent les protestations contre les tarifs du gaz en France avant la Première Guerre mondiale70. En outre, comme le montre Marie-Emmanuelle Chessel, modes d’organisation, discours et registres d’action circulèrent à l’échelle des sociétés industrielles de façon précoce, internationalisation portée par le rôle décisif des milieux catholiques avec une vocation sociale71. L’organisation des mouvements de consommateurs ne s’est pas faite sans liens avec les industriels et, aux Etats-Unis comme en Europe, fournisseurs d’énergie et fabricants de matériels ont soutenu des associations ou des publications pour la promotion des usages de l’énergie. La Electrical Association for Women, créée en 1924 au Royaume-Uni et disparu en 1986, ou la Women’s Gas Federation avaient leurs équivalents dans d’autres pays, que ce soit l’association australienne fondée en 1934 par Florence McKenzie ou les publications de Paulette Bernège en France sur l’électricité dans l’art ménager. La dimension transnationale d’un consumérisme politique a pris d’autres formes dans le dernier quart du XXe siècle avec la diffusion des labels et certifications72. Sans être absente des revendications des mouvements consuméristes qui se sont développés et institutionnalisés dans le second XXe siècle, l’énergie n’a que rarement été mise en avant jusqu’aux années récentes, lorsque la dérégulation a créé des situations d’arbitrage entre différents fournisseurs. Dans la défense des consommateurs et dans la pratique d’un État régulateur des conflits liés à la consommation73, l’énergie fut assimilée à un service public, avec les thèmes des bas prix, de la sécurité des installations et de l’accès généralisé. Au Salon des consommateurs, tenu pour la première fois à Paris en octobre 1972, les sociétés énergéticiennes organisèrent leurs stands autour de trois sujets : hygiène, santé, sécurité. L’intensité des débats sur la société de consommation est révélatrice de la dimension politique donnée aux consommateurs74.
En-deçà des mouvements structurés, dont l’expression dans l’espace public peut être retracée, une interprétation infra-politique a émergé, en particulier dans le travail de Lizabeth Cohen75, associant régime politique et pratiques de consommation. Une « République des consommateurs » voire même une « démocratie des consommateurs » serait ainsi exportée des États-Unis vers l’Europe, par la publicité, le cinéma, la productivité, le discours, les relations publiques76. Cette « nouvelle hégémonie américaine » au temps de la guerre froide, mêlant protection par l’OTAN, crédits du plan Marshall et adoption des produits américains viendrait certes de la productivité de l’industrie américaine mais aussi de « l’incroyable consommation d’énergie pendant le processus de fabrication »77. Les démocraties occidentales se seraient ainsi consolidées et ancrées dans le bloc libéral par l’application du slogan « le consommateur est roi ». Cette vision est évidemment un peu simpliste ne serait-ce qu’en laissant de côté les infrastructures dont d’autres historiens ont montré le rôle dans l’intégration des différents blocs78, mais elle pointe une réelle question qui est celle du sens politique à donner aux consommateurs. Si les objets utilisant de l’énergie, tels la Miracle Kitchen de RCA-Whirlpool et sa tournée en Europe en 195779, ont été étudiés, il n’en est pas de même pour l’analyse politique des consommateurs d’énergie alors même que les fournisseurs étaient généralement, au moins en Europe, des entreprises publiques voire des administrations et que les autorités politiques ont développé des discours récurrents sur l’accès à l’énergie. Parfois, l’énergie fut un thème de campagne électorale, que ce soit au niveau local avec les mises en cause des gestions municipales par la concession dans la France au tournant de 1900 ou au niveau national, lorsque le parti conservateur britannique intégra les demandes des ménagères britanniques dans son programme au début des années 1950, dont celles portant sur le gaz et l’électricité80.
Dans le domaine de l’énergie, comme dans les autres domaines, le consumérisme critique est aussi un schéma normatif se concrétisant par la mise en place de labels, par la production d’un discours, par l’inscription dans une partie des enjeux de consommation aboutissant à identifier des droits et des devoirs des consommateurs. En appelant à la « responsabilité » des consommateurs, ces mouvements préconisent un consommateur conscient, politisé, impliqué, qui serait le co-constructeur de ses comportements81. Ces discours cherchent à accroître la réflexivité des acteurs dans les pratiques quotidiennes mais supposent un consommateur actif. Par ailleurs, le mouvement se fait au profit de la green consumption comme « alternative », mais se heurte dès lors aux entreprises énergétiques qui promeuvent leurs propres définitions du consommateur vert et responsable. Constatons enfin que ces mouvements mettent davantage en avant les devoirs (moraux) du consommateur que ses droits, renouant ici avec les origines du consumérisme.
Consommateurs d’énergies dans des systèmes techniques et économiques en transition
Les consommateurs d’énergies sont appréhendés par les sciences sociales avec différents statuts : usagers, clients, consommateurs… Ces statuts sont en partie liés à la nature du rapport établi avec les fournisseurs de ces énergies. L’insertion des consommateurs dans des systèmes technico-économiques fait émerger des questionnements sur les temporalités. Par le raccordement à un réseau technique, mais également par les pratiques d’achat et le lien avec des entreprises, les consommateurs se placent dans une situation de dépendance vis-à-vis de fournisseurs. La question qui se pose est celle de savoir quelle place ont ces consommateurs d’énergie dans les dynamiques des systèmes techno-économiques82. Sans revenir sur la place des consommateurs pionniers dans l’émergence d’un système, l’adoption massive d’une nouvelle source d’énergie crée une forme de dépendance énergétique au même titre qu’une « dépendance du sentier », d’autant plus que les entreprises cherchant à promouvoir une nouvelle énergie firent face à des consommateurs considérant ces nouvelles énergies comme « chères, inutiles et difficiles à utiliser », obligeant les entrepreneurs à construire la demande83. Tout en cherchant à adopter le point de vue des consommateurs dans les transitions énergétiques, Christopher F. Jones doit bien reconnaître que, malgré des boosters au niveau de la demande, « les fournisseurs de nouvelles énergies se sont développés en amont de la demande des consommateurs »84. En d’autres termes, les systèmes techno-économiques de l’énergie se sont construits comme des systèmes de l’offre et non de la demande, même si certains usages comme ceux liés à l’industrie, ont pu jouer un rôle structurant.
Là encore, les études sociologiques et anthropologiques de l’énergie ont montré la complexité des situations actuelles en étudiant les pratiques des consommateurs. Elizabeth Shove, notamment, associe l’instauration d’une norme sociale concernant le confort des logements avec les enjeux techniques et industriels des dispositifs que sont la machine à laver le linge, l’air conditionné ou la douche chaude85. Les transitions à l’œuvre sont certes l’application de politiques publiques mais également d’une transformation rapide des comportements des consommateurs, comportements qu’il convient d’historiciser86.
Dès lors, le passage du consommateur passif au consommateur-producteur est intéressant à étudier puisque l’on pourrait l’interpréter comme une manière de trouver enfin une place d’acteur à ces consommateurs d’énergie. Par le passé toutefois, le caractère industriel de la production fait que bien peu de consommateurs ont pu produire eux-mêmes leur charbon, leur pétrole ou leur énergie hydraulique… et cette interrogation du consommateur-producteur s’ancre en réalité dans la période ouverte depuis les années 1980. Le mouvement danois contre la centrale nucléaire suédoise de Barsebäck a favorisé le développement de l’énergie éolienne au Danemark. Malgré tout, tout en constatant la participation d’étudiants dans la construction de la fameuse éolienne de Tvind, interpréter le succès de l’industrie éolienne danoise comme un mouvement d’usagers lançant une nouvelle politique énergétique décentralisée est pour le moins excessif87. La même remarque peut être formulée pour l’énergie solaire photovoltaïque. Dans cette transition annoncée vers les sources d’énergie renouvelables, une nouvelle révolution, dont Jérémy Rifkin est l’un des chantres88, serait la prise en main du système énergétique par le consommateur. La question des modèles nationaux ne saurait toutefois être évacuée aussi facilement et la place des entreprises, promue dans une vision concurrentielle du marché de l’énergie, ne peut conduire l’historien qu’à une certaine prudence quant à ces bouleversements annoncés des systèmes énergétiques.
Au-delà de l’interrogation initiale qui nous a conduit à considérer que les « consommateurs d’énergies » se comportaient rarement comme des consommateurs conscients et tout aussi rarement avec une conception intégrée de l’énergie, nous avons cherché à parcourir la diversité des pistes qui s’offrent à l’historien de l’énergie. Diversité des comportements, segmentation sociale, poids des schémas culturels, inscription dans les circulations internationales des matières premières, production de discours par des mouvements organisés, émergence de normes techniques et morales, l’objet historique émerge pourtant dans toutes les approches contemporaines. Lister les chantiers historiques les plus stimulants pour une histoire des consommateurs d’énergies ne saurait être fait sans rappeler au préalable leur faible présence dans les sources. Dans une histoire de l’énergie, les recherches pourraient ainsi s’attacher à l’histoire des mesures des consommations (compteurs, facturations, relations sociales), aux discours portant sur l’énergie dans les mouvements organisés des consommateurs, à la concurrence entre les fournisseurs pour attirer et fidéliser des clients (publicité, marketing mais aussi études sociales), à la « fabrique » du consommateur par les institutions scolaires (enseignement sur la sécurité des usages du gaz et de l’électricité) et par les outils médiatiques (revues pour enfants, dessins animés, campagnes publiques…), à la façon dont les syndicats ont difficilement intégré les consommateurs dans leurs modes d’action et leurs revendications, aux normalisations internationales des produits et des services, aux circulations des produits et des pratiques à l’échelle de la planète… Au final, l’histoire des consommateurs d’énergies doit aboutir à identifier des temporalités qui ne se superposent pas complètement avec celles des macro-systèmes techniques de production d’énergie, ni a fortiori avec celles des régulations et institutions politiques. C’est par la mise en œuvre de ces chantiers, à différentes échelles, que l’histoire de l’énergie –et pas seulement l’histoire de la consommation- pourra à son tour nourrir les concepts-frontières et dialoguer avec les autres disciplines.
- 1. Les concepts-frontières sont les pendants des objets-frontières pour les sciences humaines, à savoir des catégories investies par différentes disciplines. Pascale Trompette, Dominique Vinck, « Retour sur la notion d'objet-frontière », Revue d'anthropologie des connaissances, vol. 3, n° 1, 2009, 5-27.
- 2. Éric Rémy, Philippe Robert-Demontrond (dir.), Regards croisés sur la consommation (Cormelles-le-Royal : Éditions EMS, 2014) ; Roberta Sassatelli, Consumer Culture: History, Theory and Politics (Los Angeles: Sage Publications, 2007).
- 3. Frank Trentmann, “Beyond Consumerism: New Historical Perspectives on Consumption”, Journal of Contemporary History, vol. 39, n° 3, 2004, 373-401 ; Frank Trentmann, Empire of Things. How We Became a World of Consumers, from the Fifteenth Century to the Twenty-first (London: Allen Lane, 2016). Dans cette somme magistrale, l’auteur évoque bien le domaine de l’énergie à plusieurs reprises.
- 4. Marie-Emmanuelle Chessel, Histoire de la consommation (Paris : La Découverte, 2012).
- 5. Daniel Roche, Histoire des choses banales. Naissance de la consommation. XVIIe-XIXe siècle (Paris : Fayard, 1997), 10.
- 6. Ruth Oldenziel, Mikael Hård, Consumers, Tinkerers, Rebels. The People who Shaped Europe (Basingstoke: Palgrave MacMillan, 2013).
- 7. http://www.bbk.ac.uk/mce
- 8. Frank Trentmann, “Knowing Consumers – Histories, Identities, Practices”, in Frank Trentmann (ed.), The Making of the Consumer. Knowledge, Power and Identity in the Modern World (Oxford, New York: Berg, 2006), 1.
- 9. AHEF (Association pour l’histoire de l’électricité en France), L’électricité et ses consommateurs, textes réunis et édités par Fabienne Cardot (Paris : AHEF/PUF, 1987) ; Serge Paquier, Jean-Pierre Williot (dir.), L’industrie du gaz en Europe aux XIXe et XXe siècles. L’innovation entre marchés privés et collectivités publiques (Bruxelles : Peter Lang, 2005), en particulier ch. 2.
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- 23. Astrid Kander, Paolo Malanima, Paul Warde, op.cit., 457 (cf. note 17).
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- 27. Franck Cochoy, Aux origines du libre-service. Progressive Grocer (1922-1959) (Lormont : Le Bord de l’eau, 2014) ; Ralph Jessen, Lydia Langer (ed.), Transformations of Retailing in Europe after 1945 (Farnham: Ashgate, 2012). On notera l’existence récente d’une revue, History of Retailing and Consumption (Taylor & Francis Online).
- 28. Nadège Sougy, Les charbons de la Nièvre, La houillère de La Machine, ses produits et ses marchés (1838-1914) (Grenoble : PUG, 2008).
- 29. Horacio Capel (dir.), Las Tres Chimeneas. Implantación industrial, cambio tecnológico y transformación de un espacio urbano barcelonés (Barcelona : FECSA, 1994) ; Yves Bouvier, Connexions électriques. Technologies, hommes et marchés dans les relations entre la Compagnie générale d’électricité et l’Etat. 1898-1992 (Bruxelles : P.I.E. Peter Lang, 2014), 56-67 pour le cas de Marseille et 115-121 pour celui de Barcelone.
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- 31. Stanley Lebergott, Pursuing Happiness. American Consumers in the Twentieth Century (Princeton: Princeton University Press, 1993), 107.
- 32. Alain Beltran, « Lumières « fin de siècle » en Europe (1880-1914) », in Y. Bouvier, L. Laborie (dir.), op.cit., 169-189 (cf. note 30).
- 33. Ruth Oldenziel, Karin Zachmann (ed.), Cold War Kitchen. Americanization, Technology and European Users (Cambridge: The MIT Press, 2009).
- 34. Mathieu Flonneau, Léonard Laborie, Arnaud Passalacqua (dir.), Les transports de la démocratie. Approche historique des enjeux politiques de la mobilité (Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2014).
- 35. Sophie Dubuisson-Quellier (dir.), Gouverner les conduites (Paris : Les Presses de Sciences-Po, 2016).
- 36. Gilles Lipovetsky, Le Bonheur paradoxal. Essai sur la société d’hyperconsommation (Paris: Gallimard, 2006), 11.
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- 45. Plusieurs histoires des organisations internationales liées à l’énergie ont été menées. Voir en particulier Rebecca Wright, Hiroki Shin, Frank Trentmann, From World Energy Conference to World Energy Council. 90 years of cooperation, 1923-2013 (London: WEC, 2013).
- 46. Jean-Baptiste Fressoz, L’apocalypse joyeuse. Une histoire du risque technologique (Paris : Seuil, 2012).
- 47. Reynald Abad, « L’Ancien Régime à la recherche d’une transition énergétique ? La France du XVIIIe siècle face au bois », in Y. Bouvier, L. Laborie (dir.), op. cit., 23-84 (cf. note 30).
- 48. Stéphane Frioux, Les batailles de l’hygiène. Villes et environnement, de Pasteur aux Trente Glorieuses (Paris : PUF, 2013) ; Denis Varaschin, La Société Lyonnaise des Forces Motrices du Rhône (1892-1946). Du service public à la nationalisation (Le Parnant : La Luiraz, 1996).
- 49. Peter Dauvergne, The Shadows of Consumption. Consequences for the Global Environment (Cambridge: The MIT Press, 2008), 80.
- 50. Mathieu Brugidou, « Faire preuve de discernement à propos des économies d’énergie : un nouvel énoncé des ménages/citoyens », in Isabelle Garabuau-Moussaoui, Magali Pierre (dir.), Pratiques sociales et usages de l’énergie (Paris : Lavoisier, 2016), 227-239.
- 51. Judith Rainhorn (dir)., Santé et travail à la mine. XIXe-XXIe siècle (Villeneuve d’Ascq : Presses universitaires du Septentrion, 2014).
- 52. Jean-François Mouhot, Des esclaves énergétiques. Réflexions sur le changement climatique (Seyssel : Champ Vallon, 2011).
- 53. Jérôme Cihuelo, Arthur Jobert, « Énergie et situations d’interface », in Jérôme Cihuelo, Arthur Jobert, Catherine Grandclément (dir.), Énergie et transformations sociales. Enquêtes sur les interfaces énergétiques, (Paris : Lavoisier, 2015), 217-236.
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- 57. Frank Trentmann (ed.), op.cit., 11 (cf. note 8).
- 58. Lisa Jacobson, Raising Consumers. Children and the American Mass Market in the Early Twentieth Century (New York: Columbia University Press, 2004), 4-5.
- 59. Kristin Ross, Aller plus vite, laver plus blanc. La culture française au tournant des années soixante (Paris : Editions Abbeville, 1997).
- 60. Ruth Oldenziel, Karin Zachmann (ed.), op.cit. (cf. note 33).
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