Le départ raté de l'énergie solaire en Afrique de l'Ouest, 1960-1987

jeangecit[at]gmail.com

Résumé

Dès 1960, l’énergie solaire se développe dans un contexte d’innovations et de structuration de politiques scientifiques au Sénégal, au Mali et au Niger. Les crises du début des années 1970 amènent de nouveaux acteurs dans la région ainsi qu’une concurrence technique entre les énergies solaires thermodynamique et photovoltaïque. La dépendance à l’égard des produits étrangers incite les pays africains à œuvrer, au début des années 1980, en faveur d’un développement endogène et industriel du continent. Néanmoins, ces politiques sont mises à mal par des difficultés économiques qui rendent impossible l’industrialisation solaire des États et fragilisent un projet solaire régional qui ne résiste pas au contre-choc pétrolier.

Article
Back to top

Introduction

Le recours à l’énergie solaire dans les États d’Afrique de l’Ouest est une question d’indépendance, de développement et – dans de nombreux cas – une question de survie pour les populations. Depuis les indépendances de 1960 et jusqu’à nos jours, l’énergie solaire soulève des questionnements : permettra-elle de réduire la déforestation galopante ? Contribuera-elle à davantage d’indépendance énergétique ? Sera-t-elle un levier pour l’augmentation du niveau de vie des populations ? Des questions récurrentes depuis des décennies qui donnent à ce sujet une actualité vibrante.

L’intérêt des pays ouest-africains pour l’énergie solaire s’inscrit dans un contexte international particulièrement riche qui remonte au début des années 1950. L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) est à l’origine de travaux importants sur les zones arides dès 19511. Ils sont ponctués par un colloque sur l’énergie éolienne et solaire à New Dehli en 1955, ainsi qu’un colloque sur les problèmes de la zone aride à Paris en 19602.

Le développement de recherches sur l’énergie solaire dans les années 1960 permet de premières réalisations qui posent la question essentielle et centrale d’une possible industrialisation de la filière. En effet, cette industrialisation permettrait de baisser les coûts de production et d’offrir aux populations l’accès à des appareils solaires qui amélioreraient leur niveau de vie grâce à l’apport d’eau chaude, à une meilleure conservation des denrées agricoles, ou à l’introduction de pompes à eau solaires, pour des usages directs par les populations, les troupeaux ainsi qu’à des fins d’irrigation agricole.

Pour l’historien, l’écriture de cette histoire fait face à la difficulté de rassembler des sources africaines capables de la retranscrire. L’absence de documentation en Afrique sur cette histoire demande à l’historien d’écrire par le biais de sources complémentaires. De ce point de vue, les archives des Nations Unies -et singulièrement celles de Bertrand Châtel3 -s’avèrent précieuses. Elles nous permettent de compenser la maigre documentation sur ces questions spécifiques. Quelques auteurs ont travaillé sur l’histoire de l’énergie solaire en Afrique de l’Ouest, parmi lesquels Sophie Pehlivanian4 et Frederic Caille5 qui traitent de ces questions à travers la Société française d’études thermiques et de l’énergie solaire (Sofretes). Tous deux explorent une histoire de l’énergie solaire thermodynamique dans la région. Ces contributions importantes se révèlent, toutefois, limitées à un seul acteur et par conséquent incomplètes dans le cadre de l’écriture d’une histoire plus générale.

Ainsi, cette brève histoire de l’énergie solaire en Afrique de l’Ouest sur laquelle j’ai travaillé est celle des sciences et des techniques en Afrique, du développement et des institutions africaines. C’est une contribution majeure de par la pluralité des problématiques croisées. Cette histoire est forte d’une prise en compte du contexte international, qui permet d’intégrer les évènements à une histoire internationale et africaine. Parallèlement, une grande attention est portée à la mise en lumière des politiques scientifiques ouest-africaines, à l’implantation de techniques nouvelles dans la région, telles que l’énergie solaire photovoltaïque, ainsi qu’à la mise en avant de problématiques de dépendance et de développement.

Figure 1 : Carte de l’Afrique de l’Ouest
Figure 1 : Carte de l’Afrique de l’Ouest

D’un point de vue temporel, cette histoire débute en 1960, un temps marqué par de nombreuses indépendances dans la région ouest-africaine, et prend fin en 1987, au lendemain du contre-choc pétrolier qui voit le prix de l’or noir baisser considérablement. Il s’agit, là encore, d’un moment clé où les rêves d’industrialisation de la filière solaire par les pays ouest-africains prennent fin.

À travers cette histoire, il s’agit de se demander comment l’émergence d’instituts solaires dans les années 1960 a pu entrainer des rêves d’industrialisation solaire à l’échelle régionale dans les années 1980. A quelles limites se sont heurtés ces projets industriels ? Quelles sont les raisons des échecs de cette industrialisation ?

L’émergence d’instituts solaires en Afrique de l’Ouest au cours des années 1960 se présente comme une première étape qui favorise ensuite une multiplication des réalisations et l’arrivée de nouveaux acteurs internationaux dans les années 1970. Elle entraine la programmation de projets industriels solaires par les États africains dans les années 1980.

Back to top

1. Les premières réalisations solaires en Afrique de l’Ouest (1960-1973)

Les premiers pas du développement solaire en Afrique de l’Ouest sont réalisés dans un contexte de conférences scientifiques qui lient cette histoire africaine aux problématiques internationales. Sans rappeler les travaux sur les zones arides de l’UNESCO cités précédemment, le Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) réunit des scientifiques du monde entier à la conférence des Nations Unies sur les énergies nouvelles à Rome en 1961. Cette conférence contribue ainsi à une prise de conscience internationale du potentiel futur de l’énergie solaire, éolienne et géothermique.

La décennie des années 1960 est également un temps de programmation de la politique scientifique des pays en développement, d’abord au cours de la conférence des Nations Unies sur l’application de la science et de la technique dans l’intérêt des régions peu développées (1963), puis à la Conférence de Lagos (1964). L’une rend compte de l’utilisation de l’innovation pour accélérer le développement et réduire l’écart technologique entre les Nations, tandis que l’autre demande à chaque État africain de créer les institutions indispensables à la planification de leur politique scientifique.

Ainsi, la mise en valeur de l’énergie solaire en Afrique de l’Ouest s’inscrit au croisement d’une histoire plus large et de problématiques diverses telles que : la volonté de développement économique des États, la réduction d’écart technologique entre les Nations, le souhait d’indépendance énergétique, le développement de l’énergie solaire à l’échelle internationale et la construction de politiques scientifiques dans chaque État africain.

La rencontre de scientifiques à l’IPM de Dakar (Sénégal)

Au Sénégal, le développement de l’énergie solaire ne se fonde pas sur la volonté de l’Etat. Il naît sous l’impulsion de membres de la communauté scientifique. Ainsi, le Sénégal fait figure d’exception, par la précocité du développement solaire et l’importance des réalisations. L’aventure solaire au Sénégal commence dans les années 1960 par les travaux du scientifique français Henri Masson sur l’énergie solaire à la fin des années 1950. Doyen de la Faculté des sciences de Dakar en 1958, il y crée l’Institut de physique météorologique (IPM) le 25 février 19606.

L’année suivante, le Professeur Masson rencontre Jean-Pierre Girardier. Ce dernier est Français, étudiant de polytechnique à Zurich ; il démarre son service militaire à 27 ans – en 1961 – en pleine guerre d’Algérie. Il rejoint Dakar dès que l’occasion se présente et y rencontre le Doyen de la Faculté des sciences qui lui confie la possibilité d’extraire de l’eau froide du sous-sol sahélien en utilisant la chaleur du soleil pour créer un mécanisme qui produit de l’énergie, selon le principe de Carnot.

« J’ai là un petit travail pour vous. Il est très simple. Le solaire, voyez-vous, il y en a beaucoup dans le pays. C’est ce que j’appelle la source chaude. Le besoin numéro un de ces pays, c’est l’eau. Or il y en a ici, et en grande quantité, dans le sous-sol. On peut la considérer comme une source froide. Entre les deux, d’après le second principe de Carnot, on doit pouvoir installer un mécanisme, qui produira de l’énergie. Nous devrions mettre au point une machine qui travaille réellement au soleil selon ce principe de Carnot7 ».

Jean-Pierre Girardier rédige sa thèse de doctorat sur cette thématique et construit la première pompe solaire thermodynamique au monde, nommée Secra en 19628. Il soutient sa thèse l’année suivante à l’Université de Dakar et se met à la confection d’une nouvelle pompe plus perfectionnée dès 1964.

En 1964, l’ingénieur Girardier achève également son service militaire. Il rentre en France, poursuit ses recherches à distance avec le Professeur Masson et finit par intégrer l’usine familiale Pierre Mengin – productrice de pompe hydraulique – où il confectionne le capteur solaire Ittec grâce au matériel de l’usine et à un financement du Centre national de recherche scientifique français (CNRS) de 11 millions d’anciens francs.

Jean-Pierre Girardier démarre ensuite la construction d’une nouvelle pompe expérimentale Nadje à l’IPM en 1968, illustrée sur la photographie ci-dessous (Figure 2). La pompe dispose d’un collecteur de 12 m² et d’un débit de 1 200 litres par heure pendant 5 à 6 heures9.

Figure 2 : Photographie de la pompe Nadje. Source : Archives privées de Bertrand Châtel, Chef des applications scientifiques et techniques, Bureaux de la science et de la technique, Secrétariat Général des Nations Unies (1968-1979).
Figure 2 : Photographie de la pompe Nadje. Source : Archives privées de Bertrand Châtel, Chef des applications scientifiques et techniques, Bureaux de la science et de la technique, Secrétariat Général des Nations Unies (1968-1979).

Le manque de financement et le prix élevé des moteurs conduisent alors Jean-Pierre Girardier à construire son propre moteur, qu’il incorpore à ses pompes. Ce moteur est appelé M.G.S 2000 – en référence à Masson, Girardier, Segal – en 1968.

Le ministère français de la Coopération commande deux pompes. La première s’appelle Segal, la première à intégrer ce nouveau moteur ; elle est mise en service à l’IPM en 1969. Présentée sur les photographies ci-dessous (Figure 3), elle dispose d’un collecteur de 88 m², une structure imposante qui fonctionne 5 à 6 heures par jour et qui délivre 6 m³ d’eau par heure. La seconde pompe s’appelle Onersol, du nom du laboratoire solaire nigérien dans lequel elle est envoyée. L’équipe de Jean-Pierre Girardier envoie alors plusieurs pompes à l’étranger, notamment en Haute-Volta (Burkina Faso) où la pompe Ouaga est installée à l’École Inter-État d’ingénieur de l’équipement rural (EIER) de Ouagadougou en 1971.

Figure 3 : Photographies des pompes Segal (à gauche) et Ouaga (à droite). Source : Archives privées de Bertrand Châtel. P. 5
Figure 3 : Photographies des pompes Segal (à gauche) et Ouaga (à droite). Source : Archives privées de Bertrand Châtel.
P. 5

Une autre pompe est implantée en Mauritanie. La direction de la Société des mines de fer de Mauritanie (Miferma) se rend à Dakar et souhaite offrir un présent au gouvernement sénégalais. Séduite par la pompe Segal, la direction passe commande d’une pompe, qu’elle place dans la ville de Chinguetti (Mauritanie) en 197310. Cette pompe solaire (Figure 4) a la particularité d’être déployée sur une école ; les capteurs solaires déposés sur le toit offrent alors aux classes une climatisation naturelle. Le choix de la construire sur une école n’est pas anodin et témoigne du changement de vie qu’induit l’installation d’une pompe solaire dans un village. La pompe modifie profondément les habitudes des populations, donne facilement un accès à l’eau à proximité des habitations, et supprime par la même occasion la corvée des kilomètres parcourus chaque jour jusqu’à un point d’eau. Ce changement allège le fardeau physique des habitants, modifie les lieux de sociabilisation et offre un gain de temps considérable qui permet aux femmes de travailler (agriculture, commerce), tandis que les enfants peuvent fréquenter l’école.

Figure 4 : Dessin et photographie de la pompe solaire de la ville de Chinguetti. Source : Archives privées de Bertrand Châtel.
Figure 4 : Dessin et photographie de la pompe solaire de la ville de Chinguetti. Source : Archives privées de Bertrand Châtel.

C’est ainsi que l’énergie solaire participe dès les années 1960 au développement des pays de la région. Toutefois, la pompe de Chinguetti était prévue pour alimenter 2 000 habitations et fonctionner pendant 5 à 6 heures par jour, mais les mauvaises prévisions et le manque d’eau dans le sous-sol ne permettent à l’appareil de fonctionner que 30 min à 1h par jour11.

L’énergie solaire au Sénégal se développe donc grâce à l’impulsion de membres de la communauté scientifique et repose principalement sur la construction de pompes solaires thermodynamiques. Le cas sénégalais fait figure d’exception en Afrique de l’Ouest. En effet, si d’autres pays de la région s’intéressent à l’énergie solaire, son développement est cette fois le vœu de chefs d’États qui construisent une politique scientifique dans la lignée de la conférence de Lagos de 1964.

Le LESO créé au sein d’une politique scientifique malienne

Le développement solaire au Mali démarre sous l’impulsion du président Modibo Keita qui crée dès 1963 le Laboratoire de l’énergie solaire (LESO) à Bamako12. Cette création s’inscrit dans le cadre de l’organisation d’une politique scientifique au Mali où le LESO intègre le Laboratoire national des travaux publics dès sa création. Ce dernier est alors géré par un contractuel Français qui tente, avec de maigres moyens, de réaliser quelques prototypes solaires de démonstration dans le but de sensibiliser la population à l’importance de l’énergie solaire.

L’année suivante, en 1964, le LESO devient un organisme indépendant. Il bénéficie d’un bâtiment attitré composé d’un hangar et de deux bureaux situés à l’entrée de la cour du Garage central du génie militaire à Dar-Salam, un quartier au nord de Bamako. L’institution est gérée par le Nigérien Abdou Moumouni Dioffo, professeur agrégé de physique, qui devient le premier directeur du LESO. Le dynamisme et la persévérance du physicien ont contribué à faire du hangar un atelier de mécanique générale équipé de machines-outils achetées grâce aux subventions du gouvernement malien. Par ailleurs, le laboratoire a bénéficié de l’aide financière de l’État d’Israël13 grâce à laquelle le LESO a pu démarrer une première phase d’activité et d’études de différents appareils entre 1964 et 1967.

L’indépendance du laboratoire ne signifie pas qu’il se retrouve en dehors de tout schéma scientifique national. Il devient une entité à part au sein d’une politique scientifique coordonnée par le Conseil national de la recherche scientifique et technique (CNRST). C’est ainsi que le LESO se développe dans un contexte d’organisation et de planification d’une politique scientifique malienne. Il est alors placé sous la tutelle du Secrétariat d’État de l’énergie et des industries vers 1967, date à laquelle on trouve une trace de cet organigramme dans un document de l’UNESCO14.

En 1968 débute une période de réorganisation afin que le laboratoire obtienne les infrastructures indispensables à la mise en œuvre d’expériences. L’année suivante, seules deux personnes travaillent dans le laboratoire15 et en mars, le directeur Abdou Moumouni Dioffo est rappelé au Niger pour diriger l’Office nigérien de l’énergie solaire (ONERSOL) que nous verrons par la suite. Le LESO est alors pris en main par l’ingénieur atomiste et thermo-physicien Cheickna Traoré.

Le LESO consacre ses activités à l’application et la diffusion de connaissances en matière d’énergies solaires directe et indirecte. Il concentre ses recherches sur l’important gisement solaire du pays, sur la mise au point de prototypes de chauffe-eaux, séchoirs, distillateurs, fours et cuisinières solaires. La réalisation de ces prototypes trouve des applications fondamentales pour le pays.

Prenons l’exemple de l’eau distillée. Le Mali en manque cruellement et les besoins sont importants que ce soit pour les batteries d’automobiles, les produits pharmaceutiques ou d’autres produits sanitaires. En outre, si l’eau distillée est accompagnée d’un traitement chimique, il est possible de rendre potable des eaux polluées et saumâtres. À partir de 1970, le LESO approvisionne le génie militaire, la Régie des chemins de fer, le Garage administratif et certains garages particuliers16.

Le laboratoire s’emploie également à développer le séchage solaire de produits agricoles, plus hygiénique que le séchage à même le sol. Le procédé solaire permet une meilleure conservation de la production, évite les pertes et permet d’augmenter la production agricole. Le LESO fournit des séchages solaires pour la Société de conserverie de fruits (SOCOMA), le séchage de poissons à Opération pêche, celui de la viande à la Société malienne du bétail, des peaux et des cuirs (SOMBEPEC) et à l’Office malien du bétail de la viande (OMBEVI), des peaux pour la fabrication de chaussures à la Tannerie, et la production de briques à la Briqueterie.

Ainsi, le départ d’Abdou Moumouni Dioffo pour le Niger ne semble pas avoir de répercussions sur les travaux de recherches et la production du LESO. Mais ce départ pour le Niger est très intéressant car il souligne le lien, les communications, les échanges entre les pays ouest-africains. Il met à mal l’idée d’un développement indépendant au sein de chaque pays. Les liens entre les Mali et le Niger ne s’arrêtent pas là : le développement solaire au Niger et la création de l’ONERSOL sont également le fruit d’une volonté de l’État17 qui bénéficie par la même occasion du soutien des Nations Unies.

L’ONERSOL, un laboratoire solaire nigérien à la dimension régionale

C’est la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), par l’adoption de la Résolution 113 (VI) de le 2 mars 196418,  qui créé l’ONERSOL au Niger, soulignant ainsi les prédispositions climatiques de l’Afrique de l’Ouest à l’énergie solaire et permettant ainsi de combattre la déforestation (Figure 5).

Figure 5 : Carte de l’ensoleillement du monde. Source : Brochure RTC La Radiotechnique-Compelec, Cellules solaires (Paris : 2e trimestre 1979), 33.
Figure 5 : Carte de l’ensoleillement du monde. Source : Brochure RTC La Radiotechnique-Compelec, Cellules solaires (Paris : 2e trimestre 1979), 33.

Surtout, la résolution recommande la création à Niamey « d’un centre expérimental de l’énergie solaire chargé de mettre au point divers prototypes d’appareils solaires et de diffuser les résultats et expériences19 ». Une résolution approuvée le 14 août 1964 par le Conseil économique et social des Nations Unies qui place aussitôt Niamey comme un centre africain du développement solaire.

La dimension « régionale20 » du centre est confirmée par le gouvernement nigérien suite à la proposition de loi du 5 mai 1965. Elle est approuvée dix jours plus tard, le 15 mai, par l’Assemblée nationale nigérienne qui crée officiellement l’Office de l’énergie solaire (loi n°65.03321). La loi fixe les objectifs du nouvel organisme et demande à l’ONERSOL de créer un centre expérimental de l’énergie solaire, d’effectuer des travaux de mesures de l’énergie solaire, d’étudier des prototypes solaires et de développer la recherche appliquée. L’ONERSOL devient un établissement public à caractère industriel et commercial placé sous la tutelle du Chef de l’État et du ministère des Travaux publics, en liaison constante avec le Comité de l’eau du Commissariat au développement.

Le premier directeur de l’Office est Français, Bernard Bazabas22, un ingénieur martiniquais qui occupe cette fonction de 1966 à 1969. Il reçoit l’aide de deux experts : le premier est originaire d’Australie, spécialiste en mesure du rayonnement solaire, et qui séjourne à Niamey du 13 décembre 1966 au 29 mai 1967 ; le second est originaire de France et demeure à Niamey du 1er avril au 30 juin 1968.

Au cours de la première administration de l’ONERSOL, sur la période 1966-1968, on note la réalisation de quelques essais et prototypes de cuisinières, de fours et de chauffe-eaux solaires23. Les financements de l’organisation sont divisés en deux catégories : nationaux et étrangers. Le premier concerne ceux du gouvernement nigérien et le second relève du Fonds d’aide et de coopération français (FAC), de l’aide libyenne, du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et de l’UNESCO.

L’Office prend réellement de l’ampleur en 1969 avec l’arrivée du Professeur Abdou Moumouni Dioffo. Au même moment, le FAC accorde 32 millions de FCFA à l’ONERSOL, plus du double du budget de 1967 pour l’acquisition de matériels et pour offrir au laboratoire davantage de moyens. S’ensuit l’arrivée de la pompe solaire thermodynamique Onersol (Figure 6) qui dispose d’un collecteur de 60 m² et d’un débit de 6 à 7 m³ d’eau par heure pendant 5 à 6 heures24.

Figure 6 : Photographie de la pompe Onersol. Source : Archives privées de Bertrand Châtel.
Figure 6 : Photographie de la pompe Onersol. Source : Archives privées de Bertrand Châtel.

Les expérimentations d’appareils solaires (chauffe-eaux et distillateurs solaires) conduisent aux premières installations chez les particuliers dès 1971, dans les lycées et les édifices publics. Ainsi, la vente d’une dizaine de distillateurs solaires permet de faire les premiers pas vers la vulgarisation de ce produit.

Parallèlement, en 1966, Niamey lance le programme Télévision scolaire du Niger (TVSN) dans le but d’améliorer le niveau de l’enseignement à l’école primaire dans les zones rurales. Deux ans après, les services techniques de la TVSN et l’ONERSOL installent un panneau solaire photovoltaïque expérimental pour faire fonctionner un téléviseur destiné à l’éducation dans un village proche de Niamey, à Gondel. Ce panneau (Figure 7) permet d’alimenter un poste de télévision durant 30 heures par semaine d’octobre à juin25. Après une étude d’application de l’Office national de la radio-télévision française (ORTF), six autres installations sont réalisées en 1972 ; vingt-deux classes sont équipées dès 1973 et permettent à 800 étudiants de bénéficier de ce support. Une réussite que le gouvernement souhaite étendre afin que 80 % de la population en bénéficie avant 1985.

Figure 7 : Photographie du panneau solaire d’un téléviseur scolaire au Niger en 1968. Source : Brochure RTC La Radiotechnique-Compelec, Cellules solaires, op. cit., 25.
Figure 7 : Photographie du panneau solaire d’un téléviseur scolaire au Niger en 1968. Source : Brochure RTC La Radiotechnique-Compelec, Cellules solaires, op. cit., 25.

Notons toutefois que l’IPM, le LESO et l’ONERSOL ne sont pas les seuls en Afrique de l’Ouest à développer l’énergie solaire. Bien qu’ils soient les organes les plus importants en la matière dans les années 1960, il existe également quelques expériences voltaïques, ghanéenne, guinéenne et ivoirienne.

Il devient de plus en plus évident que chaque État ne développe pas l’énergie solaire indépendamment. Il semblerait que des liens existent entre les organisations comme le laisse entendre le passage d’Abdou Moumouni Dioffo du LESO à l’ONERSOL. Toutefois, ces liens se concrétisent dès les années 1970, lorsque les États conjuguent leurs efforts dans de nombreux projets institutionnels, industriels et… solaires.

Back to top

2. La multiplication des projets solaires et des acteurs du secteur (1973-1979)

Le début des années 1970 est un temps de changements en Afrique de l’Ouest. Un temps où se succèdent des crises économiques, énergétiques et environnementales, à l’origine de la création de nouvelles institutions et réalisations solaires dans la région.

D’un point de vue institutionnel, de nouvelles organisations économiques sont créées dans la région : l’Union du Fleuve Mano (MRU) en 1973 et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en 1975. Rappelons que ces institutions sont le fruit d’une vision plus large issue de la première Conférence Panafricaine qui se tient à Addis Abeba (Ethiopie) en 1963 au cours de laquelle est créée l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA)26. Un des objectifs de l’OUA est d’encourager les liens entre les États dans les domaines économiques notamment sous la forme d’unions douanière et monétaire, et d’encourager une exploitation commune des richesses, des fleuves, etc.

Cette période de création institutionnelle va de pair avec l’entrée du Nigeria dans les sphères d’influence ouest-africaines. En effet, la fin de la guerre du Biafra en 1970 permet au Nigeria de devenir une puissance régionale et continentale incontestable, compte tenu de ses nombreuses ressources naturelles, de sa population forte de 80 millions d’habitants et de sa capacité de formation générée par ses nombreuses universités. Dès lors, le pays dispose d’une influence sans égal dans la région.

La création du Centre régional de l’énergie solaire (CRES)

En réponse à la montée en puissance du Nigeria, les États francophones27 se rassemblent le 3 juin 197228 à Bamako au sein d’une nouvelle organisation : la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest (CEAO). Cette dernière est une zone d’échange commerciale qui porte sur des domaines divers tels que l’agriculture, l’industrie, les transports, les communications et – suite à la signature de dix protocoles additionnels à Abidjan en 1973 – l’énergie solaire29.

Les pays de la CEAO et du Comité inter-État de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS) deviennent rapidement l’objet d’une mission inter-agence30 des Nations Unies du 16 avril au 3 mai 1975. Organisée par le PNUD, la mission séjourne au Sénégal, en Gambie, en Mauritanie, au Mali, en Haute-Volta et au Niger afin de répertorier et mieux connaître les établissements de recherches en énergie solaire.

La mission souligne que le Mali et le Niger disposent de politiques de recherches centralisées sur l’énergie solaire (LESO et ONERSOL) tandis que les autres pays multiplient les organismes. En Haute-Volta par exemple, coexistent l’EIER, le Ministère de l’Equipement rural, hydraulique et aménagement de l’espace rural et le Lycée de Ouagadougou ; au Sénégal, la Délégation générale de la recherche scientifique et technique (DGRST), l’IPM, et l’Institut universitaire de Technologie (IUT) notamment.

Chacun de ces pays étudie – à des niveaux très divers – les manières d’utiliser l’énergie solaire pour pomper l’eau, la chauffer, la distiller ou pour sécher les aliments et faciliter leur conservation. La mission achevée, les experts recommandent de créer un Centre régional de l’énergie solaire.

Un an plus tard, les membres de la Communauté économique d’Afrique de l’Ouest se réunissent à Bamako du 28 septembre au 2 octobre 197631 dans la cadre d’un colloque sur le thème Énergie solaire et développement. Ce colloque est l’occasion de présenter les difficultés des États sur le plan énergétique, de souligner leur dépendance énergétique, les prix élevés du pétrole, l’usage excessif du bois de chauffe, ainsi que leur souhait de préserver l’environnement. L’énergie solaire constitue alors un potentiel pour les États qui prônent la création d’un « centre régional de recherche et de développement en matière d’utilisation de l’énergie solaire32 ». Un projet qui suscite de grandes espérances.

Il faut toutefois attendre deux ans pour voir le Centre officiellement créé au cours de la quatrième Conférence des chefs d’États de la CEAO qui se déroule à Bamako en octobre 1978. Les chefs d’États de la CEAO fondent de grands espoirs sur ce Centre et élaborent un document intitulé Grands projets communautaires qui touche différents domaines dont la création du Centre régional de l’énergie solaire (CRES) à Bamako.

Suite à cette décision, les membres de la CEAO demandent à l’UNESCO de préparer un rapport de faisabilité du CRES qui est présenté à la Communauté économique quelques mois plus tard, le 23 juin 1979, et dans lequel l’agence spécialisée des Nations Unies qualifie la création du CRES de « nécessité33 ». D’après l’UNESCO, un organisme à l’échelle régional permet de centraliser les financements, de produire des appareils solaires photovoltaïques pour un vaste marché, de réaliser des économies d’échelles suffisantes pour rendre les appareils solaires plus accessibles et permettre de dégager des bénéfices.

La CEAO signe alors de nombreux accords de coopération avec le CILSS en 1979 et des partenariats économiques avec le Fonds de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), de la Banque africaine de développement (BAD), de la Communauté économique européenne (CEE), et le FAC notamment. Le CRES bénéficie ainsi d’une aide de la communauté internationale grâce à la signature de nombreux accords de coopération et bénéficie dans le même temps d’une prolifération des recherches sur l’énergie solaire dans la région.

Multiplication de la recherche sur l’énergie solaire dans la région

L’ensemble des États de la région développent l’énergie solaire sur leurs territoires. Le Niger, le Mali et le Sénégal semblent être les pays les plus avancés en la matière, notamment en ce qui concerne la recherche sur les chauffe-eaux solaires. Cet intérêt pour ces appareils se répand dans différents pays, si bien qu’il est alors possible d’observer un chauffe-eau solaire expérimental posé sur le toit du bâtiment de la Faculté des sciences en Sierra Leone, ou sur le toit de la villa du ministre du Tourisme de Côte d’Ivoire.

Toutefois, l’intérêt des pays en faveur de l’énergie solaire s’observe surtout à travers l’existence de pas moins de vingt-cinq instituts qui traitent de cette question dans la région. En dehors des institutions déjà nommées, nous retrouvons de nombreux travaux dans divers pays, parmi lesquels ceux du Département des énergies non-conventionnelles du Ministère du développement rural du Cap-Vert, de l’Université d’Abidjan en Côte d’Ivoire, de l’Université de Kumasi au Ghana, de l’Université de Conakry en Guinée, des cinq organismes de recherche au Sénégal, ainsi que ceux de l’Université nationale de la Sierra Leone à Freetown.

Dans les années 1970, le Nigeria compte à lui seul dix organismes qui travaillent sur ces questions. Outre l’institut de développement de projets, à Enugu, et l’Institut nigérian de recherche sur les produits stockés, à Lagos, l’ensemble des organismes de recherche est universitaire. Les Universités de Calabar, d’Ifé, de Jos et de Maiduguri portent un intérêt sur ces questions solaires. Plus précisément, l’Université Amadou Bello à Zaria et l’Université d’Ibadan testent des pompes solaires Guinard dans leurs laboratoires, l’Université du Nigeria à Nsukka travaille à la réfrigération solaire et, enfin, l’Université de Lagos œuvre à la fabrication de chauffe-eaux solaires.

Le cas nigérien se démarque des autres dans la mesure où ses recherches contribuent à l’industrialisation de sa filière. En effet, l’avance du Niger dans la recherche solaire est telle que l’ONERSOL se dote d’une usine de production industrielle d’appareils solaires, la première du genre en Afrique de l’Ouest. Une étude du Bureau international du travail (BIT) en 1975 donne un avis favorable à cette construction dont les travaux dureront de septembre 1975 à juillet 1976 dans la zone industrielle de Niamey. Les bâtiments d’une valeur de 75 millions de FCFA sont financés par le gouvernement nigérien et l’achat des équipements est financé par l’UNESCO et son Fonds d’aide de l’Arabie Saoudite aux pays du Sahel34. Les activités de l’ONERSOL sont scindées en deux parties : une Section recherche et une Section fabrication et commercialisation, pour vulgariser la production d’appareils et leur fabrication à l’échelle industrielle de chauffe-eaux solaires et de capteurs plans35.

La mise en valeur de ces instituts de recherche et de leurs travaux ne peut résumer à elle seule le développement de l’énergie solaire en Afrique de l’Ouest dans la mesure où ce développement s’inscrit également à l’échelle internationale, une dimension dans laquelle la France œuvre activement.

La France œuvre au développement du solaire photovoltaïque dans la région

Nombreuses sont les entreprises françaises à exporter leur savoir-faire en Afrique de l’Ouest. Parmi elles, on compte la Société française d’études thermiques et de l’énergie solaire (Sofretes) créée le 10 octobre 197336 par Jean-Pierre Girardier suite au Congrès international de l’UNESCO, Le Soleil au service de l’Homme. En 1975, la Sofretes – spécialisée dans l’énergie solaire thermodynamique – reçoit l’appui de financements prestigieux tels que ceux du Commissariat à l’énergie atomique et de la Compagnie française des pétroles (actuel TotalEnergies) avec lesquels ils forment le groupe d’intérêt économique Prométhée. Ce financement favorise la multiplication de réalisations solaires thermodynamiques en Afrique de l’Ouest et au Mexique notamment.

L’année 1976 marque un tournant et le début d’un partenariat dans l’industrie solaire entre la France et les États-Unis, ces derniers se cantonnant jusqu’alors à leur propre marché intérieur, à la différence de la France qui est un marché d’exportation. Ce partenariat permet de diminuer le coût du solaire photovoltaïque, d’augmenter la production, de donner accès aux entreprises françaises à la technique photovoltaïque et de permettre aux entreprises américaines d’avoir accès aux marchés francophones, donc, ouest-africains37.

Ainsi, en 1976, la Compagnie française des pétroles – partenaire de la Sofretes qui développe l’énergie solaire thermodynamique – investit dans l’énergie solaire photovoltaïque en prenant 51 % des parts de Photon-Power. Elle s’allie ainsi avec le verrier américain Libbey Ford et obtient par la même occasion les brevets du groupe Baldwin dans l’industrie photovoltaïque38.

Dans le même temps, Leroy-Somer, une industrie de moteurs électriques, propriétaire des Pompes Guinard depuis 1972, érige en 1975 la première pompe solaire photovoltaïque à Propriano en Corse. L’année suivante, en 1976, Leroy-Somer s’allie à la Société nationale Elf Aquitaine (SNEA) et les Piles Wonder pour créer le groupement d’intérêt économique GEW39 destiné à réaliser des stations de pompage solaire photovoltaïque dans les régions isolées et de développer la télévision solaire, l’éclairage, la téléphonie, les relais hertziens, etc. Néanmoins, Leroy-Somer est minoritaire dans GEW et décide en 1977 de se rapprocher de l’américain Solarex Corp., le leader mondial du marché des photopiles. Ils créent ensemble la filiale France-Photon40 qui permet à Leroy-Somer de produire des panneaux solaires à moindre coût et surtout de produire l’ensemble des composants de ses pompes solaires photovoltaïques, tout en permettant à la société américaine d’accéder aux marchés ouest-africains.

L’année 1976 est une année décisive pour l’énergie solaire photovoltaïque. Elle l’est d’autant plus avec le démarrage du programme français Sahel énergie nouvelle. Il s’agit d’un programme triennal (1976-1979) créé par le ministère de la Coopération dans le cadre des relations franco-africaines afin de débloquer des fonds pour les entreprises françaises désireuses d’exporter leurs appareils solaires et de financer des projets en Afrique de l’Ouest41. L’objectif de Sahel énergie nouvelle est aussi de répondre à la problématique urgente de l’accès à l’eau. Ce programme est à l’origine de nombreux projets qui mettent en lumière une révolution technique en Afrique de l’Ouest et le passage du solaire thermodynamique au solaire photovoltaïque.

Cette révolution technique s’observe en Afrique de l’Ouest par le biais d’un homme, le Père Bernard Verspieren42. Face à la sécheresse qui frappe la région en 1973, il créé l’association Mali Aqua Viva en 1974 pour multiplier les forages hydrauliques au Mali et, l’année suivante, deux ateliers de forage dans le diocèse de la ville de San. Des pompes manuelles, à pied ou à main, sont d’abord installées mais leur durabilité se heurte à une utilisation intensive et au difficile entretien de ces pompes.

C’est alors qu’en 1976, le Père Verspieren voyage en Corse, à Propriano, et découvre la première pompe solaire photovoltaïque. Cette pompe, créée en 1975 par les Pompes Guinard, ne nécessite pas de mouvements ce qui réduit l’usure et l’entretien par rapport aux pompes manuelles. Le Bernard Verspieren décide d’adapter cette nouvelle technique à ses forages au Mali en prenant soin d’intégrer les populations aux réalisations (préparation du terrain, construction de murs pour protéger la pompe des troupeaux, participation au financement de la pompe, nomination d’un gardien de la pompe, etc.)

Les premières pompes solaires photovoltaïques vont prouver leur valeur sur le territoire africain et entrer en concurrence avec les pompes solaires thermodynamiques. Jusqu’à les éclipser au fur et à mesure du temps. Observons quelques chiffres. Nous comptons 42 stations solaires installées en Haute-Volta, au Mali et au Sénégal de 1969 à 1979. Les réalisations témoignent de façon frappante de l’évolution. De 1969 à 1976, il existe 23 stations solaires installées dans ces trois États : 22 sont des pompes solaires thermodynamiques de la Sofretes alors qu’une seule est une station solaire photovoltaïque (Dakar, 1976). Tandis que de 1977 à 1979, nous comptons 26 stations solaires installées : neuf sont des pompes solaires thermodynamiques de la Sofretes mais 17 sont des stations solaires photovoltaïques.

En d’autres termes, avec la fin du monopole de la Sofretes à la fin des années 1970, nous assistons à la fin du monopole de la technique thermodynamique incarnée par la Sofretes au profit de l’énergie solaire photovoltaïque, boostée par le programme Sahel énergie nouvelle.

Comme un dernier espoir, au milieu de la multiplication de projets solaires photovoltaïques, la Sofretes inaugure le 26 novembre 1979, la première centrale solaire thermodynamique au monde, à Diré, près de Tombouctou. Illustré ci-dessous (Figure 8), ce projet agricole et touristique pharaonique dispose d’une puissance de 75 kW. L’énergie solaire produite permet de pomper l’eau, d’électrifier, d’éclairer et de climatiser.

Figure 8 : Dessin d’illustration de la Sofretes du projet Diré au Mali (1978). Source : Archives privées de Bertrand Châtel – Brochure Sofretes.
Figure 8 : Dessin d’illustration de la Sofretes du projet Diré au Mali (1978). Source : Archives privées de Bertrand Châtel – Brochure Sofretes.

La centrale de Diré est un projet ambitieux. D’un coût supérieur à 8,5 millions de francs CFA43 (environ 5,1 millions d’euros en 202044), il ambitionne à terme d’irriguer plus de 3000 hectares de cultures. Ces caractéristiques contrastent avec la faible période d’activité de la structure – moins de 4 ans – qui devient rapidement un « éléphant blanc », le premier du genre dans l’industrie solaire en Afrique de l’Ouest.

Ce projet fait face à de nombreux défis. A la limite du désert, éloigné de la capitale, le site manque d’accessibilité et ne dispose d’aucune infrastructure (pas de port aménagé, pas de routes, etc.). On y parvient uniquement par bateau, donc quatre mois durant l’année. En outre, lors de son inauguration, la centrale n’est pas raccordée à la ville de Diré et l’eau potable d’excellente qualité est directement déversée dans les champs. Du personnel d’entretien est maintenu sur place mais aucun habitant ne travaille sur ces nouvelles terres fertiles. Ceci expliquera le manque d’intégration des populations locales dans la mise en œuvre du projet.

Trop ambitieux, difficile d’accès, d’un coût élevé, imposé aux populations locales… ces facteurs conjugués provoquent l’abandon de ce projet pharaonique qui s’avère inefficace économiquement, fantaisiste et irrationnel a posteriori. Cet abandon laisse ainsi à Diré un éléphant blanc, qui emporte dans sa chute la SOFRETES, liquidée en 198345. Ceci présage des nombreux échecs qui s’accumuleront aux cours des années 1980.

Back to top

3. L’échec de l’industrialisation de la filière solaire (1979-1987)

Le contexte international à la fin des années 1970 est pesant à maints égards. La Révolution iranienne (7 janvier 1978 – 11 février 1979) provoque un nouveau choc pétrolier et une nouvelle crise économique qui touchent l’Afrique de plein fouet, tandis que l’Afrique de l’Ouest s’apprête à vivre une nouvelle période de sécheresse. L’occasion pour les États de se recentrer sur le continent Africain.

Le Plan de Lagos : vers l’industrialisation de la filière solaire africaine

Face à ces difficultés, les Chefs d’États de l’OUA se rassemblent à Lagos (Nigeria) en avril 1980 pour évoquer les difficultés économiques rencontrées sur le continent et favoriser un développement endogène destiné à promouvoir une croissance économique autosuffisante et autocentrée. Ils élaborent ainsi le Plan de Lagos, une stratégie de développement basée sur l’autosuffisance alimentaire, sur le commerce africain grâce à la suppression des barrières commerciales et des droits de douanes, sur la limitation de l’usage de monnaies étrangères, sur l’industrialisation et la transformation des matières premières locales, et sur la création d’un Marché commun africain. En d’autres termes, il s’agit de créer une Communauté économique africaine avant l’an 200046.

Le Plan de Lagos a également vocation à remédier à la dépendance technologique vis-à-vis des pays industrialisés en employant des technologies peu couteuses pour améliorer les conditions de vie des populations rurales. Dans le même temps, le Plan accorde une place importante à la problématique environnementale, à la lutte contre le déboisement et la désertification. Il place alors l’énergie solaire parmi les objectifs et les priorités des politiques africaines47.

Dès lors, la question du développement de l’énergie solaire en Afrique de l’Ouest n’est plus seulement régionale, mais s’élargit à l’espace continental. Le Plan de Lagos favorise un développement solaire panafricain qui se concrétise avec le projet de Centre régional africain de l’énergie solaire (CRAES48) qui veille à encourager la recherche et la coopération scientifique africaine sur l’énergie solaire, la fabrication locale d’appareils et la production industrielle49. Un projet facilité par la création, quelques temps auparavant, d’une Société africaine de l’énergie solaire (SAES) pour faciliter les échanges d’informations entre États50. Cette dernière voit le jour en 198251 à l’issue du Colloque régional africain sur l’énergie solaire organisé par l’UNESCO à Nairobi (Kenya). Une ville dans laquelle se déroule un an auparavant, en août 1981, la Conférence des Nations Unies sur les sources d’énergies nouvelles et renouvelables.

La mise en œuvre du Plan de Lagos se concrétise par le démarrage de la Décennie du développement industriel de l’Afrique (1981-1990) adoptée en octobre 1981 au cours de la sixième Conférence des ministres africains de l’industrie. Il s’agit de mettre en œuvre une stratégie d’autosuffisance agricole, électrique et énergétique. L’industrialisation est programmée selon deux périodes : une première phase préparatoire (1982-1984) durant laquelle les pays africains exposent leurs programmes d’industrialisation, suivie d’une seconde phase (1985-1990) au cours de laquelle les projets sont exécutés.

Dans ce contexte propice au développement solaire, deux phénomènes s’observent dans la région ouest-africaine. D’une part, la recherche solaire débute dans plusieurs pays qui n’y ont jusqu’alors pas prêté intérêt. Il s’agit du Liberia avec les recherches entreprises par le Collège Faulkner de science et de technologie de l’Université du Liberia, et du Togo où l’Université du Bénin se dote d’un Laboratoire de l’énergie solaire (LES) et travaille à la mise en œuvre de chauffe-eaux et de séchoirs solaires52. Il est à noter qu’au Bénin, la société Enerdas entreprend ses travaux bien plus tard, en 1986. La Guinée-Bissau est l’unique pays à ne pas s’intéresser à la question solaire au cours des trois décennies étudiées.

D’autre part, on assiste à une structuration et au démarrage d’une production industrielle de séchoirs et de chauffe-eaux solaires dans plusieurs pays dès 1980, ce qui confirme les efforts entrepris dans certains États au cours des années 1970. C’est le cas du Centre d’études et de recherches sur les énergies renouvelables (CERER), fondé en avril 1980 au Sénégal, avec l’aide de la Société industrielle des applications de l’énergie solaire (SINAES), créée quelques années auparavant. Ensemble, ils y travaillent dès 1982 dans le cadre du sixième plan de développement sénégalais (1981-1986) qui œuvre à réduire la facture pétrolière grâce à l’utilisation de l’énergie solaire53.

Au Nigeria, l’Agence de projets de développement (PRODA) met en place en mars 1980 la Société nigériane d’énergie solaire (SESN) pour produire ces appareils. Cela n’empêche pas le Département de génie agricole de l’Université Ahmadu Bello de Zaria de travailler à la confection de séchoirs solaires, et la National Electric Power Authority de fabriquer des chauffe-eaux solaires pour les hôtels, hôpitaux, résidences privées et complexes importants du pays.

Au Burkina Faso, solaire rime avec indépendance nationale depuis le coup d’État de novembre 1980. L’institut burkinabè de l’énergie (IBE)54 et l’Atelier solaire et de technologie appropriée du Centre écologique Albert Schweitzer produisent les appareils solaires. On note alors une multiplication des installations de pompe solaire et d’expériences dans les télécommunications.

Les Plans d’ajustement structurel mettent à mal le développement industriel solaire

Au début des années 1980, la situation économique des États ouest-africains se détériore considérablement. La Révolution iranienne et la guerre Iran – Irak augmentent les prix du pétrole tandis que les pays industrialisés réduisent leurs importations, ce qui provoque une chute des cours des principaux produits exportés par l’Afrique (café, cuivre, cacao, banane, huiles végétales, thé). Le manque à gagner pour les pays du continent est considérable et le surendettement devient abyssal : les revenus des populations baissent tandis que la croissance démographique demeure. En outre, dès 1982, une nouvelle vague de sécheresse s’abat sur la région, provoquant sous-nutrition et maladies. La pénurie d’eau décime les troupeaux et réduit la production céréalière ; les besoins en importations sont considérables et les dettes – déjà importantes – finissent par exploser55.

Face aux difficultés de remboursement des États, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale proposent des prêts aux pays africains qui acceptent de procéder à des réformes structurelles d’envergure de leurs économies. L’objectif est alors de redéfinir le rôle même de l’État – jugé corrompu et inefficace – en libéralisant les activités économiques par des privatisations massives destinées à alléger le poids des entreprises sur les comptes publics. L’État est appelé à se recentrer sur ses fonctions régaliennes comme le maintien de l’ordre, l’information, la santé, la recherche, l’éducation56. Les plans structurels des institutions de Bretton Woods veillent à favoriser le développement agricole pour l’exportation, afin de générer des devises pour rembourser la dette et de rééquilibrer les balances commerciales, plutôt que l’industrialisation. Ces ajustements mettent ainsi un terme au Plan de Lagos et soumettent davantage les États à la dépendance de l’aide extérieure57. Ces difficultés impactent directement l’industrialisation des filières solaires de plusieurs États (Côte d’Ivoire, Gambie, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger).

Ne pouvant traiter de chaque pays en intégralité, nous nous intéressons à l’exemple nigérien qui est certainement le cas le plus éloquent.

Rappelons que le 15 mai 1975, l’ONERSOL fait office de pionnier en la matière en divisant l’Office en deux entités : une section recherche et une section fabrication/commercialisation. Le BIT recommande la production de 400 chauffe-eaux solaires et de 2000 m² de capteurs plans par an pour que ce projet soit viable économiquement. Or, sur la période 1976-1990, l’ONERSOL ne produit que 600 chauffe-eaux solaires et 1750 m² de capteurs plans. Que s’est-il passé ?

La production d’appareils solaires est en chute libre. L’ONERSOL produit des cuisinières, des chauffe-eaux, des capteurs plans et des séchoirs solaires. Cependant, sur le terrain, les cuisinières solaires ne sont pas acceptées par la population : l’eau distillée est considérée comme un produit de luxe, tout comme les séchoirs solaires dont le coût est prohibitif. Seuls les chauffe-eaux solaires rencontrent un certain succès, mais les objectifs sont très loin d’être atteints.

En effet, en dehors des commandes de chauffe-eaux solaires (46 appareils) et de capteurs plans (590 m²) sur la période 1981/1982 et 1982/1983 respectivement, on constate que la vente d’appareils solaires est chaque année très faible (environ 15 chauffe-eaux)58. Serait-ce le résultat d’une mauvaise publicité ?

En 1981, de nombreux chauffe-eaux sont commandés pour équiper l’hôtel Gaweye, mais l’expérience n’est pas concluante. Une nouvelle commande est passée l’année suivante pour ajouter des capteurs plans et augmenter la puissance des chauffe-eaux… sans résultat, si bien qu’un apport de 10 % de chauffage conventionnel s’avère nécessaire en complément. Une mauvaise publicité pour l’ONERSOL qui s’explique par des besoins en eau chaude tôt le matin et le soir, deux moments peu propices au fonctionnement optimal des appareils solaires.

L’ONERSOL accumule des déficits chaque année. Le 7 octobre 1983, la Section fabrication de l’Office devient une société indépendante d’économie mixte dénommée Société nigérienne des énergies nouvelles (SONIEN), qui tente d’ouvrir son capital à plusieurs sociétés nigériennes. Cependant, en 1984, le Programme d’ajustement structurel du FMI et de la Banque mondiale réorganise les dépenses de l’État nigérien et oblige à l’autonomie financière totale des sociétés étatiques. Sans aides, la SONIEN augmente considérablement les coûts des rares produits qu’elle arrive à vendre : le prix d’un chauffe-eau solaire passe de 182 000 à 350 000 FCFA. Une situation intenable qui conduit la jeune SONIEN à la liquidation en décembre 198459. Seule la section recherche de l’ONERSOL perdure.

La déroute industrielle du CRES et le monopole du secteur privé sur la production solaire

L’histoire de la SONIEN est représentative d’un phénomène qui touche bon nombre de pays en Afrique de l’Ouest au cours de cette période et rend compte de la nécessité de mettre en œuvre un projet solaire de plus grande envergure : le CRES. Notons que ce centre régional intègre une tendance plus large portée par le Plan de Lagos et encadrée par la création d’institutions continentales telles que le CRAES et la SAES.

Suite à l’étude de faisabilité du projet CRES de l’UNESCO en 1979, une seconde étude est réalisée en tenant compte des pays de la CEAO et du CILSS en 1981. On y découvre la mise en œuvre d’un Programme régional de formation et d’appui au solaire (PREFAS) sur la période 1981-1984 qui permettrait aux onze États60 de former le personnel qualifié du Centre, d’achever la construction de l’édifice du CRES à Bamako et d’étudier une stratégie industrielle pour produire des appareils solaires.

Dès lors, en 1982, le CRES porte un programme ambitieux et la réalisation chaque année de 1000 forages, 700 pompes solaires photovoltaïques, 300 éoliennes, 100 réfrigérateurs, 3 300 systèmes d’éclairage, 300 000 cuisinières, 2 000 chauffe-eaux, 10 000 m² de capteurs, entre-autres, pour un coût de 82,5 millions de dollars par an, supporté à 90 % par les fonds publics ouest-africains61. Le projet consiste à créer dans chaque État de la CEAO/CILSS une industrie solaire en liaison directe avec le Centre régional de Bamako. Le Fonds européen de développement (FED), le PNUD, l’Agence américaine en charge du développement (USAID), le France, la République fédérale Allemande (RFA), le Fonds africain de développement (FAD) financent la mise en œuvre du CRES (formations, équipements, édifices).

Lors d’une mission d’évaluation en mai 1983, la Banque africaine de développement réduit considérablement la voilure du projet, en faisant notamment passer le nombre de personnel de 207 à 83 personnes et en diminuant le coût du Centre à 57,1 millions de dollars : d’une part, l’OPEP, le FAD et les pays de la CEAO deviennent responsables du financement de la construction du Centre ; d’autre part, la RFA, la France, le FED et la CEAO sont responsables du financement des équipements.

La construction officielle du CRES débute en 1984, une année décisive qui concrétise un projet pensé depuis près de six ans. C’est au cours de cette année qu’il est prévu de « créer des capacités de production à l’intérieur de la région […] [et de] créer une société de production d’équipement au niveau du CRES62 » sur la période 1985-1987. Ainsi, en octobre 1985 se tient une réunion des experts des pays membres de la CEAO et du CILSS pour réaliser une Unité de production de systèmes à énergies renouvelables (UPS) à Bamako, destinée à la production de panneaux solaires photovoltaïques ainsi que de chauffe-eaux solaires63. Un souhait confirmé et adopté en mars 1986 lors de la première réunion du Conseil d’administration du CRES à Bamako.

À ce stade, il semble intéressant de se questionner sur le synchronisme entre la chute des industries solaires dans plusieurs États (Niger en 1984, Côte d’Ivoire et Gambie en 1985 notamment) et la mise en œuvre d’une industrie solaire régionale à Bamako sur cette période 1984-1986. S’agit-il d’une simple coïncidence ou s’agit-il d’une réaction aux échecs industriels solaires nationaux ? Nul document pour le confirmer, mais le hasard des dates et le contexte se doivent d’être signalés.

Toutefois – et la surprise est de taille – on apprend en mai 1988, au cours de la 25e session du Conseil des Ministres à Ouagadougou, que les bailleurs (FED, France, RFA) se sont désengagés un an auparavant – en 1987 – de leurs accords de financements à l’égard du CRES64. Un retrait soudain qui plonge le CRES dans l’immobilisme. Le retard, l’absence d’équipements, le manque de financements mettent le Centre régional à l’arrêt dans l’attente de nouveaux bailleurs. En vain.

Le retrait des bailleurs européens est justifié par les dimensions trop importantes de l’organisation solaire, par un chevauchement des actions des instituts nationaux avec celles de l’institut régional et par une trop faible participation des États membres de la CEAO au financement du CRES. Une décision qui fait vivement réagir les autres bailleurs (CEAO, FAD et OPEP). Ainsi, le Fonds africain de développement ne croit pas en la véracité des propos des bailleurs européens. « Ces raisons apparaissent plus comme des prétextes que des justifications solides65 ». Le bailleur de fonds africain estime, d’une part, que les reproches des bailleurs de fonds européens sont des considérations techniques qui peuvent par conséquent être surmontées, d’autre part, que la RFA, la France et le FED sont restés insensibles aux solutions proposées. La FAD s’indigne et se demande si l’intérêt des bailleurs européen n’est tout simplement pas ailleurs :

« L’enjeu économique était clair : le CRES tel que le percevait la CEAO pouvait être un concurrent redoutable aux entreprises européennes spécialisées en matière d’énergie solaire, ce qui était inacceptable aux yeux des bailleurs de fonds européens. Ainsi, malgré leur engagement clairement exprimé de contribuer au financement du projet pour des montants définis, les partenaires européens (FED, France, RFA) ont mis un terme à leur participation au projet, contre toute attente, alors que l’opération avait été lancée, avait besoin de leur appui comme prévu66 ».

Il serait maladroit de n’entendre que le point de vue de la BAD. Il faut également se resituer dans le contexte économique et énergétique mondial qui profite des conséquences du contre-choc pétrolier et voit le prix du baril de pétrole passer de 30 dollars à 14 dollars entre 1985 et 1986. En France, la filière solaire du Commissariat à l’énergie atomique connait des difficultés et manque de moyens et de personnel. En outre, l’électricité française étant à 70 % produite à partir de l’énergie nucléaire, l’intérêt pour le solaire diminue considérablement. La cohabitation politique en France qui débute en mars 1986 conduit le gouvernement Chirac à un désengagement profond de l’énergie solaire. De même, les missions de l’Agence française pour la maîtrise de l’énergie (AFME) semblent également être réorientées, l’énergie solaire étant défavorisée par rapport à d’autres énergies renouvelables67. Dès lors, on peut imaginer qu’un changement de politique en France conduirait à l’annulation des engagements pris en faveur du CRES. Mais cette explication n’explique pas la simultanéité des trois désengagements.

D’ailleurs, concomitamment, en octobre 1986, les Chefs d’États des pays membres du CILSS se sont réunis à Praia (Cap Vert) pour élaborer une stratégie de lutte contre la sécheresse dans la région et le développement du Sahel dès 1988 grâce au financement du Fonds européen de développement68. Une des composantes de cette stratégie était le Projet énergie en mai 1987 mais qui se limitait à la promotion de l’utilisation du gaz butane. Une limitation rapidement rectifiée puisque dès l’année suivante, en 1988, le CILSS et la CEE publiaient le Programme régional solaire (PRS). Sahel : le solaire est-il pour demain ?69, une publication qui modifiait le Projet énergie et dans laquelle l’énergie solaire occupait finalement une place centrale.

Le PRS est un programme de fourniture d’équipements solaires photovoltaïques à grande échelle en faveur de la ruralité sahélienne dans le but d’améliorer le niveau de vie des populations, d’assurer la sécurité alimentaire et de protéger l’environnement (électrification, production de froid, pompage de l’eau). Dès lors, grâce à une production d’appareils solaires par centaines, le PRS et le secteur privé occidental obtiennent le monopole des réalisations solaires en Afrique de l’Ouest.

Back to top

Conclusion 

Cette brève histoire de l’énergie solaire en Afrique de l’Ouest nous permet d’observer le passage d’un développement solaire géré par les États dans les années 1960 à celui dirigé par le secteur privé à la fin des années 1980, comme il l’est de nos jours dans la région. L’attrait des États pour l’énergie solaire se traduit par la volonté d’utiliser une ressource disponible en abondance, permettant de limiter les importations et de limiter la déforestation qui accélère la désertification de la région. En d’autres termes, il s’agit de produire une énergie en ayant recours à une technique appropriée à l’environnement ouest-africain.

L’énergie solaire se présente également comme une réponse aux diverses crises traversées par la région ouest-africaine. L’accès aux indépendances, la première sécheresse (1968-1974), le premier choc pétrolier avec les crises énergétiques et économiques qui s’ensuivent, le second choc pétrolier, la récession mondiale, la seconde sécheresse (1982-1984), la crise de l’endettement, chacun de ces phénomènes a des incidences directes ou indirectes sur la mise en valeur de l’énergie solaire.

Cette histoire met en valeur deux notions complémentaires, fondamentales, pour chacun des pays d’Afrique de l’Ouest : développement et (in)dépendance.

S’agissant de la problématique du développement, elle va de pair avec les grandes conférences qui permettent – à l’heure de grandes innovations scientifiques – de multiplier les échanges entre scientifiques, de faire connaitre les progrès et de favoriser la recherche solaire. Le développement s’observe également dans la multiplication des réalisations, ainsi que dans la vision du Plan de Lagos destiné à promouvoir une croissance endogène, autosuffisante et d’industrialiser le continent pour qu’il parvienne à son indépendance.

Aux indépendances politiques du début des années 1960 ont succédé des indépendances économique et énergétique. Elles s’avèreront être une bataille constante au travers de la création de la CEAO et du CRES. L’énergie solaire procure une énergie disponible sur place, qui n’a pas besoin d’être transportée, ni nécessairement importée et participe à ce phénomène d’indépendance. A contrario, les sociétés étrangères à l’Afrique disposent de techniques plus avancées et de financements qui facilitent l’implantation de l’énergie solaire sur le continent. Ainsi la frontière entre dépendance et indépendance est très fine, dès lors qu’un village a besoin d’importer une technique étrangère qui lui permet d’être indépendant énergétiquement. Enfin, la volonté d’indépendance s’exprime par la volonté des États d’industrialiser leur filière solaire, même s’ils peinent à obtenir les résultats escomptés.

L’échec de l’industrialisation est d’autant plus criant au regard du potentiel solaire des États ouest-africains, sans compter que l’industrie solaire ouest-africaine aurait pu contribuer au Programme régional solaire (PRS) de la Communauté économique européenne, en 1988.

C’est d’ailleurs généralement à partir du PRS que les chercheurs font démarrer l’histoire de l’énergie solaire dans la région. Mais en réalité, cette histoire – que l’on peut également qualifier de protohistoire au regard de ces éléments – débute dès les indépendances de 1960. Cette histoire oubliée révèle des évolutions observées au cours des trois décennies qui rendent compte d’une économie ouest-africaine qui se mondialise, se libéralise. Surtout, cette histoire se révèle être une clé de compréhension indispensable, un socle sur lequel repose le développement solaire de nos jours dans la région.

  • 1. UNESCO, Arid Zone Programme: report of the second session of the Advisory Committee on Arid Zone Research, 3-5 September 1951 (Paris: UNESCO, 1951), 6.
  • 2. UNESCO, The Problems of the arid zone: proceedings of the Paris Symposium, (Paris: UNESCO, 1962).
  • 3. Bertrand Châtel (1920 – 2013) : Chef des applications scientifiques et techniques du Bureau de la science et de la technique, un Bureau du Secrétariat des Nations Unies, de 1968 à 1979.
  • 4. Sophie Pehlivanian, Histoire de l’énergie solaire en France, Science, technologies et patrimoine d’une filière d’avenir (Thèse de doctorat, Université de Grenoble, 2014).
  • 5. Frédéric Caille, « L’énergie solaire thermodynamique en Afrique. La Société française d’études thermiques et d’énergie solaire, ou Sofretes (1973-1983) », Afrique contemporaine, n°1-2, 2017, 65-84.
  • 6. Henri Masson, « Institut de physique météorologique de la Faculté des sciences de Dakar », Bulletin COMPLES, Coopération méditerranéenne pour l’énergie solaire, n°2, 1962, 7.
  • 7. Jean-Pierre Girardier, L'homme qui croit au soleil, un pionnier de l’énergie solaire (Paris : Les éditions du Cerf, 1979), 15.
  • 8. Ibid., 29.
  • 9. Henri Masson, Rapport sur l’utilisation de l’énergie solaire pour le pompage de l’eau en zones arides, 1973, 8.
  • 10. Jean-Pierre Girardier, L'homme qui croit au soleil, un pionnier de l’énergie solaire, op. cit., 30.
  • 11. CEA, Sommaire des activités et des réalisations en matière d’utilisation de l’énergie solaire en Afrique, Niamey, 20 décembre 1978, 16.
  • 12. Ministère des Mines, de l’Energie et de l’Eau du Mali, Répertoire énergétique du Mali, Dans le cadre du projet PPP : Etablissement d’un cadre de dialogue pour la promotion du partenariat public-privé dans le secteur de l’énergie, European Union Energy Initiative, 2006, 14.
  • 13. Jean-Claude Woillet, Maise Allal, Bureau International du travail, Répertoire des Instituts africains de technologie (Genève : Organisation international du travail, 1984), 16.
  • 14. UNESCO, Rapport de consultation sur la politique scientifique au Mali (Paris : UNESCO, 1968), 12.
  • 15. CEA, Sommaire des activités et des réalisations en matière d’utilisation de l’énergie solaire en Afrique, op. cit., 24.
  • 16. Idem.
  • 17. Présentation du Centre national de l’énergie solaire (CNES) au Niger – Historique du CNES : URL : http://www.cnes.ne/index.php/presentation-fr/85-cnes-niger
  • 18. Economic Commission for Africa, Utilization of solar energy, Resolution 113 (VI) adopted by the Commission at its 113th plenary meeting on 2 March 1964, Addis-Ababa, 1964, 1.
  • 19. Idem.
  • 20. Résolution 1033 B (XXXVII) – E/RES/1033(XXXVII), Conseil économique et social des Nations Unies, Nouvelles sources d’énergies, 1350e séance plénière, 1964, 8-9.
  • 21. CEA, Sommaire des activités et des réalisations en matière d’utilisation de l’énergie solaire en Afrique, op. cit., 32
  • 22. Abdou Mahaman Dangon, A guide to sustainable energy in West Africa (Cambridge Scholars Publishing, 2020), 67.
  • 23. ONUDI, Niger, Rapport technique : La situation et les perspectives d’évolution de l’Office national de l’énergie solaire (Vienne : ONUDI, 1991), 12.
  • 24. Henri Masson, Rapport sur l’utilisation de l’énergie solaire pour le pompage de l’eau en zones arides, 1973, 9.
  • 25. National Academy of Science, Renewable Resources and Alternative Technologies for Developing Countries (Washington D. C.: Agency for international development, Office for Science and Technology, 1976), 104-105.
  • 26. E. Kane, Problèmes juridiques et économique de la CEAO (Thèse de maitrise, Académie économique de Poznań, 1988), 6.
  • 27. Côte d’Ivoire, Dahomey (actuel Bénin), Haute-Volta, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal
  • 28. E. Kane, Problèmes juridiques et économique de la CEAO, op. cit., 9.
  • 29. CEAO, Rapport sur le colloque énergie solaire et développement, Bamako, 28 septembre-2 octobre 1976, 1.
  • 30. La mission est constituée du représentant du PNUD auquel se joignent les représentants de l’UNESCO, de l’Organisation des Nations pour le développement industriel (ONUDI) et du Bureau de l’coopération technique (OTC).
  • 31. CEAO, Rapport sur le colloque énergie solaire et développement, op. cit., 1.
  • 32. [Auteur inconnu], « Le Colloque de Bamako », Agecop Liaison, Bulletin de l’Agence de coopération culturelle et technique, n°32, 1977, 5-6.
  • 33. UNESCO, « Le centre solaire régional de Bamako, Mali. Une étude de l’Unesco », Le Courrier de l’UNESCO, 34e année, 1981, 29.
  • 34. CEA, Sommaire des activités et des réalisations en matière d’utilisation de l’énergie solaire en Afrique, op. cit., 32.
  • 35. ONUDI, Niger, Rapport technique : La situation et les perspectives d’évolution de l’Office national de l’énergie solaire, op. cit., 12.
  • 36. Sophie Pehlivanian, Histoire de l’énergie solaire en France, Science, technologies et patrimoine d’une filière d’avenir (Thèse de doctorat, Université de Grenoble, 2014), 473-474.
  • 37. Éric Didier, « Les différents accords conclus pour l'utilisation de l'énergie solaire », Revue Juridique de l'Environnement, n°4, 1979, 339-348.
  • 38. Idem.
  • 39. Solar Energy Research Institute (SERI), Characterization and Assessment of Potential European and Japanese Competition in Photovoltaics, (Mc Lean (Virginia): SERI, 1979), 3-7.
  • 40. Philippe Barbet, Les énergies nouvelles (Paris : Editions La Découverte/Maspero, 1983), 102.
  • 41. Willeke Palz, Photovoltaic Solar Energy Conference, Proceedings of the International Conference, held at Cannes, France, 27-31 October 1980 (Dordrecht: Reidel Publishing Company, 1980), 136.
  • 42. Bernard Verspieren (1924-2003) est né dans le Nord de la France. Issu d’une famille d’industriels de Roubaix, il intègre l’Ecole jésuite d’agriculture de Purpant à l’âge de 16 ans. Trois ans plus tard, il s’engage chez les Missionnaires d’Afrique (nommés Père Blancs) et est ordonné prêtre à Carthage en juin 1950, à l’âge de 26 ans.
  • 43. Archives privées de Bertrand Châtel – Présentation technique du Projet « DIRE », réalisé par la Sofretes, le 8 juin 1977. Projet Prométhée (études et développement de l’énergie solaire).
  • 44. Résultat obtenu selon le convertisseur franc-euro de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) : URL: https://www.insee.fr/fr/information/2417794
  • 45. Sophie Pehlivanian, Histoire de l’énergie solaire en France, Science, technologies et patrimoine d’une filière d’avenir, op. cit., 478.
  • 46. Adebayo Adedeji, « La situation économique de l'Afrique : vers une reprise ? », Politique étrangère, n°3, 1988, 621-638.
  • 47. Organisation de l’Unité Africaine, Plan d’Action de Lagos pour le développement économique de l’Afrique 1980-2000 (Genève : Institut international d’études sociales, 1981), 111.
  • 48. L’idée de créer le CRAES est émise dès 1976, elle est adoptée le 13 mai 1982 à la conférence des ministres de l’OUA par la résolution 337 (XIV). Les querelles provoquées par l’attribution du siège du centre provoque une immobilisation du projet qui s’établit finalement à Bujumbura (Burundi) en 1986, mais les États ne verse pas leurs cotisations et le fonctionnement du centre en pâtie considérablement.
  • 49. Commission économique pour l’Afrique, Rapport du séminaire régional sur l’énergie solaire en Afrique, Niamey, 12 février 1979, 35.
  • 50. Commission économique pour l’Afrique, Projet d’acte constitutif de la société africaine de l’énergie solaire, Niamey, 14 novembre 1978, 8.
  • 51. Félix Malu Wa Kalenga, Science et technologie en Afrique (Histoire, leçons et perspectives), (Bruxelles : Académie royale des sciences d’Outre-mer, 1992), 135.
  • 52. PNUD, Togo : Problèmes et choix énergétiques, Rapport n°5221-TO, Rapport du programme conjoint PNUD/Banque Mondiale pour favoriser la maitrise des choix énergétiques, juin 1985, 91.
  • 53. ECREEE, Ecole supérieur polytechnique de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal, Rapport de l’étude de marché du solaire thermique : production d’eau chaude et séchage de produits agricoles (Dakar : ECREEE, 2015), 23.
  • 54. UNECA, L’influence des politiques économiques et de développement sur la science et la technologie en Afrique, Section de la science et technologie au service du développement en Afrique, Mars 1994, 50
  • 55. Adebayo Adedeji, « La situation économique de l'Afrique : vers une reprise ? », op.cit., 621-638.
  • 56. Olivier Lafourcade, Michèle Guerard, « Banque Mondiale et ajustement structurel », Revue d'économie financière, Hors-série 4, 1994, 355-367.
  • 57. BAD, Rapport économique sur l’Afrique : 1985 (Addis Abeba : BAD, 1985), 19.
  • 58. ONUDI, Rapport technique : La situation et les perspectives d’évolution de l’Office national de l’énergie solaire (Vienne : ONUDI, 1991), 28-29.
  • 59. Ibid., p. 14.
  • 60. Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Guinée-Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad.
  • 61. CEAO/CILSS, Séminaires CRES – Documents de discussions juin-juillet 1982, (Bamako : CRES, 1982), 34.
  • 62. Ibid., p. 40.
  • 63. CEAO/CILSS, Rapport Final, Réunion des Experts des Pays Membres du CRES sur le Programme Régional d’Equipements en Energies Renouvelables et l’Etude de Stratégie Industrielle pour la Production de Systèmes (Bamako : CRES, 1985), 6.
  • 64. FAD, Rapport d’achèvement de projet, Centre régional d’énergie solaire de la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest (CEAO), Rapport rédigé par M.T.P Seya (Chef de mission et Mme R. Coffi Berte (Architecte) pour le FAD, Mars 1995, 7.
  • 65. Idem.
  • 66. Idem.
  • 67. Sophie Pehlivanian, « Histoire de l’énergie solaire en France, Science, technologies et patrimoine d’une filière d’avenir », op. cit., 484-485.
  • 68. CILSS, Compte rendu de la 22ème session du Conseil des ministres (Ouagadougou : CILSS, 28-29 janvier 1987), 4.
  • 69. Jean-Paul Minvielle, La question énergétique au Sahel (Paris : Karthala, IRD, 1999), 160.
Back to top
Bibliographie

Adedeji Adebayo, « La situation économique de l’Afrique : vers une reprise ? », Politique étrangère, n°3, 1988, 621-638.

Banque africaine de développement (BAD), Rapport économique sur l’Afrique : 1985 (Addis Abeba : BAD, 1985).

Barbet Philippe, Les énergies nouvelles (Paris : La Découverte/Maspero, 1983).

Caille Frédéric, « L’énergie solaire thermodynamique en Afrique. La Société française d’études thermiques et d’énergie solaire, ou Sofretes (1973-1983) », Afrique contemporaine, n°1-2, 2017, 65-84.

Centre pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique de la CEDEAO (ECREEE), Ecole supérieur polytechnique de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal, Rapport de l’étude de marché du solaire thermique : production d’eau chaude et séchage de produits agricoles (Dakar : ECREEE, 2015).

Comité inter-État de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS), Compte rendu de la 22ème session du Conseil des ministres (Ouagadougou : CILSS, 28-29 janvier 1987).

Communauté économique d’Afrique de l’Ouest (CEAO), Rapport sur le colloque énergie solaire et développement, Bamako, 28 septembre-2 octobre 1976.

Communauté économique d’Afrique de l’Ouest (CEAO), Comité inter-État de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS), Séminaires CRES – Documents de discussions juin-juillet 1982, (Bamako : CRES, 1982).

Communauté économique d’Afrique de l’Ouest (CEAO), Comité inter-État de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS), Rapport Final, Réunion des Experts des Pays Membres du CRES sur le Programme Régional d’Equipements en Energies Renouvelables et l’Etude de Stratégie Industrielle pour la Production de Systèmes (Bamako : CRES, 1985).

Dangon Abdou Mahaman, A guide to sustainable energy in West Africa (Cambridge Scholars Publishing, 2020). 

Didier Éric, « Les différents accords conclus pour l’utilisation de l’énergie solaire », Revue Juridique de l’Environnement, n°4, 1979, 339-348.

Economic Commission for Africa, Utilization of solar energy, Resolution 113 (VI) adopted by the Commission at its 113th plenary meeting on 2 March 1964, Addis-Ababa, 1964.

Economic Commission for Africa, Sommaire des activités et des réalisations en matière d’utilisation de l’énergie solaire en Afrique, Niamey, 20 décembre 1978.

Economic Commission for Africa, Rapport du séminaire régional sur l’énergie solaire en Afrique, Niamey, 12 février 1979.

Economic Commission for Africa, L’influence des politiques économiques et de développement sur la science et la technologie en Afrique, Section de la science et technologie au service du développement en Afrique, Mars 1994.

Fonds africain de développement (FAD), Rapport d’achèvement de projet, Centre régional d’énergie solaire de la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest (CEAO), Rapport rédigé par M.T.P Seya (Chef de mission et Mme R. Coffi Berte (Architecte) pour le FAD, Mars 1995.

Gecit Jean, Les énergies nouvelles en Afrique de l’Ouest. Des recherches scientifiques aux défis industriels (1960-1987) (Thèse de doctorat en histoire, Sorbonne Université, 2020).

Girardier Jean-Pierre, L’homme qui croit au soleil, un pionnier de l’énergie solaire (Paris : Les éditions du Cerf, 1979). 

Kane E., Problèmes juridiques et économique de la CEAO (Thèse de maitrise, Académie économique de Poznań, 1988).

Lafourcade Olivier, Guerard Michèle, « Banque Mondiale et ajustement structurel », Revue d’économie financière, Hors-série 4, 1994, 355-367.

Malu Wa Kalenga Félix, Science et technologie en Afrique (Histoire, leçons et perspectives), (Bruxelles : Académie royale des sciences d’Outre-mer, 1992). 

Masson Henri, « Institut de physique météorologique de la Faculté des sciences de Dakar », Bulletin COMPLES, Coopération méditerranéenne pour l’énergie solaire, n°2, 1962, 7.

Minvielle Jean-Paul, La question énergétique au Sahel (Paris : Karthala, IRD, 1999).

National Academy of Science, Renewable Resources and Alternative Technologies for Developing Countries (Washington D. C.: Agency for international development, Office for Science and Technology, 1976).

Organisation de l’Unité Africaine (OUA), Plan d’Action de Lagos pour le développement économique de l’Afrique 1980-2000 (Genève : Institut international d’études sociales, 1981).

Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Arid Zone Programme: report of the second session of the Advisory Committee on Arid Zone Research, 3-5 September 1951 (Paris: UNESCO, 1951).

Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), The Problems of the arid zone: proceedings of the Paris Symposium, (Paris: UNESCO, 1962).

Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Rapport de consultation sur la politique scientifique au Mali (Paris : UNESCO, 1968).

Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), « Le centre solaire régional de Bamako, Mali. Une étude de l’Unesco », Le Courrier de l’UNESCO, 34e année, 1981.

Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), Niger, Rapport technique : La situation et les perspectives d’évolution de l’Office national de l’énergie solaire (Vienne : ONUDI, 1991).

Palz Willeke, Photovoltaic Solar Energy Conference: Proceedings of the International Conference, held at Cannes, France, 27-31 October 1980 (London: Reidel Publishing Company, 1980).

Pehlivanian Sophie, Histoire de l’énergie solaire en France, Science, technologies et patrimoine d’une filière d’avenir (Thèse de doctorat, Université de Grenoble, 2014).

Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Togo : Problèmes et choix énergétiques, Rapport n°5221-TO, Rapport du programme conjoint PNUD/Banque Mondiale pour favoriser la maitrise des choix énergétiques, juin 1985

Solar Energy Research Institute (SERI), Characterization and Assessment of Potential European and Japanese Competition in Photovoltaics, (Mc Lean (Virginia): SERI, 1979).-Woillet Jean-Claude, Allal Maise, Répertoire des Instituts africains de technologie, (Genève, Organisation internationale du travail, 1984).

[Auteur inconnu] , « Le Colloque de Bamako », Agecop Liaison, Bulletin de l’Agence de coopération culturelle et technique, n°32, 1977, 5-6.